Des fonctionnaires peu motivés à la Météo

Publié le par Alain GYRE

Des fonctionnaires peu motivés à la Météo

27.05.2016 Notes du passé

 Des fonctionnaires peu motivés à la Météo

Dès les premiers jours de l’occupation, Gallieni crée le Service météorologique qui, après avoir subi diverses vicissitudes, semble entrer dans une phase décisive de son développement. Durant de nombreuses années, l’Observatoire d’Anta­nanarivo, ancien Observatoire de la Reine, en est l’âme. C’est d’ailleurs le seul établissement scientifique qui soit dirigé avec continuité par des spécialistes compétents.

Dans le reste de l’ile, des postes sont installés, dotés des appareils indispensables afin de suivre les variations de la température et de la pression atmosphérique, ainsi que le vent et les chutes de pluie. « Mais les observations étaient faites par des fonctionnaires européens ou indigènes non spécialisés en dehors de leurs occupations habituelles. » Selon l’auteur de la « Météorologie à Madagascar » dans un numéro de la Revue de Madagascar en 1936, les défauts de cette organisation proviennent surtout de l’ignorance en la matière des agents employés, du manque de ponctualité et de précision et « trop souvent de la mauvaise foi et de la négligence de ceux-ci. Il faut d’ailleurs convenir que l’indemnité allouée était trop faible pour constituer à leurs yeux un encouragement suffisant ».

Le développement de l’aviation vient donner l’impulsion qui manque aux mesures destinées à doter le Service météorologique de Madagascar de moyens d’actions qui lui font encore défaut. Un arrêté du 2 juin 1931 le réorganise.

Un établissement central existe à Anta­nanarivo et quatorze stations principales, créées à Mahajanga, Antsiranana, Toamasina et Tolagnaro, forment l’armature du réseau. Un météorologiste professionnel est installé dans chacune de ces villes. Il dispose d’appareils pour enregistrer de manière continue les éléments météorologiques. En particulier, la mise en service de cinq postes de sondage aériens par ballons pilote, constitue une innovation importante à Madagascar. La connaissance des courants aériens de haute altitude est, en effet, un élément essentiel de la météorologie tropicale tant pour la prévision du temps que pour la protection de l’aviation. En outre, 25 stations dites de premier ordre, réparties le long du littoral, aux Comores et dans l’intérieur de l’ile, télégraphient à Antananarivo le résultat des observations locales deux fois par jour en saison fraiche, trois fois en période cyclonique.

De plus, les relations avec les pays voisins sont très étendues. Chaque jour, Antananarivo reçoit par TSF, les messages météorologiques en provenance de l’Est : Seychelles, Maurice, Rodrigues et La Réunion. De l’Ouest, des télégrammes quotidiens font connaitre la situation dans les ports de l’Afrique du Sud, de la Rhodésie, du Kenya et du Tanganyika.

Le domaine surveillé par Antananarivo est ainsi à l’échelle de l’importance des phénomènes atmosphériques. Par exemple, la trajectoire d’un cyclone venant de Maurice et se dirigeant vers Madagascar est commandée par le régime de pression qui existe au même moment sur la côte sud-africaine et au Sud de Madagascar. « D’où la nécessité de connaitre simultanément l’allure des baromètres aux Seychelles et à Durban, bien que 4 000 kilomètres séparent les deux stations. »

Les télégrammes sont chiffrés suivant un code international afin d’alléger le trafic par fil ou par sans fil et aussi pour éviter les difficultés dues à l’emploi des langues étrangères. Les renseignements qu’ils apportent sont traduits et reproduits aussitôt sur des cartes. La situation atmosphérique qu’ils expriment est analysée, comparée à celle des jours précédents.

Elle est résumée en un bulletin météorologique qui est radiodiffusé chaque jour, à une heure rigoureusement fixée. Cette émission est assurée par la puissante station intercoloniale d’Antananarivo et sur l’océan Indien. C’est « Météo Madagascar », correspondant à « Météo Afrique du Sud », à « Météo Rhodésie », à « Météo Mozambique ». On voit ainsi que Madagascar s’engage nettement dans le circuit météorologique international.

Les observations météorologiques reçues chaque jour sont aussi utilisées en vue d’assurer la sécurité de l’aviation. « À présent, aucun pilote ne part sans avoir pris contact avec le Service météorologique. »

Pela Ravalitera

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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