2013-03-19 L’influence en profondeur de l’œuvre missionnaire

Publié le par Alain GYRE

L’influence en profondeur de l’œuvre missionnaire

Parmi les avantages obtenus par Radama 1er en contrepartie à l’abolition de la traite d’esclaves, est l’arrivée de techniciens pour initier ses sujets à leur savoir. Techniciens qui sont pour la plupart des missionnaires chrétiens. « L’activité des missionnaires fut parmi les influences européennes qui s’exerçaient au cours du XIXe siècle sur la région centrale des Hauts-plateaux malgaches, la plus étendue et dont la pénétration atteignit la plus grande profondeur » « Quatre-vingts années d’influences européennes en Imerina », S. Chapus).
La Société des missions de Londres, soutenue par les Églises autres que l’officielle Église presbytérienne, est la première à envoyer ses représentants. Ces derniers sont aux prises avec les plus graves difficultés. Non seulement les nouveaux arrivés sont emportés par la fièvre, mais également, les Européens et Créoles déjà en place leur sont hostiles.
Si Robin, le précepteur de Radama, ouvre la première école, destinée aux filles, dans l’enceinte du Rova, les premiers évangélisateurs et enseignants sont le pasteur Jones, arrivé en novembre 1820, et le pasteur Griffith (mai 1821).
On rapporte que Radama en grand apparat, tel l’empereur Charlemagne, se plaît à entrer à l’improviste dans ces écoles. James Hastie écrit à ce sujet dans l’un de ses rapports consulaires : « Radama désire vraiment que son peuple soit instruit et pourtant, il souhaite que ce soit de lui-même qu’il cherche à s’instruire et parce qu’il sera convaincu des avantages qui en résulteront pour lui ». Le jeune souverain aime d’ailleurs à dire « qu’il aimerait mieux mourir plutôt que de demeurer le roi de sauvages ».
Parallèlement à l’instruction qui se développe, commence la fixation de la langue en caractères romains plus pratiques, dit-on, que les caractères arabes. Dès 1826, un des membres de la LMS enregistre 9 000 mots de vocabulaire malgache. L’œuvre principale est la traduction de la Bible ; suivie de son impression avec l’importation de la première presse à bras par Hovenden.
Les progrès matériels de la capitale se voient grâce à l’initiative d’autres Européens. Il y a notamment James Cameron (arrivé en 1826) aux remarquables aptitudes professionnelles et capacités intellectuelles. Ouvrier infatigable, il fut de ceux qui excellent dans l’art d’initier les autres au travail. On le connaît imprimeur, faisant marcher la presse à bras après la mort de Hovenden ; ingénieur, il construit des digues, des canaux et fait fonctionner les premiers moulins à eau ; chimiste, il prépare les cuirs, fabrique de la chaux, de la potasse, des carbonates, des sulfates et des nitrates pour la médecine, ainsi que du verre et des poteries ; géographe et astronome, il donne des cours élémentaires de ces sciences et enseigne l’arpentage, le relevé des plans et même la photographie ; et enfin, architecte, maçon, maître d’œuvre. C’est dans ce dernier domaine qu’il est le plus connu.
Il déclare lui-même : « Dans le bâtiment, on perfectionna plusieurs sortes de travaux de charpente, on introduisit la pierre dans diverses circonstances et on fabriqua différentes sortes de briques en vue de la construction…».
Il est le premier à utiliser à Antananarivo la brique séchée et durcie au soleil, « innovation, rapidement imitée et largement répandue », transforme les conditions de logement des Malgaches et « sans être taxé d’exagération», donne à la capitale sa physionomie de la première moitié du XXe siècle.Cameron exécute le revêtement de pierre du Palais de la reine Manjakamiadana, construit le joli palais de Manampisoa, toujours dans le Rova, les temples d’Ambato­nakanga (19 janvier 1864), celui de Faravohitra et plusieurs maisons de ce même quartier, plusieurs autres ailleurs, toutes facilement reconnaissables par leur style.« James Cameron fut l’un des rares Européens qui ait trouvé grâce aux yeux de la reine Rana­valona 1ère qui lui proposa de rester à Tananarive quand les autres furent expulsés ; mais il préféra partir. Il y revint trente ans plus tard, en 1863, pour compléter et achever son œuvre, et enfin y mourir le 3 octobre 1875 ».

Pela Ravalitera

Mardi 19 mars 2013

Notes du pasé

L’Express

Publié dans Notes du passé

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