2013-12-03 Notes du passé: Morondava confrontée à l’érosion maritime

Publié le par Alain GYRE

Morondava confrontée à l’érosion maritime

 

L’ancienne capitale du royaume du Menabe, dès son érection en commune en 1932, se trouve confrontée à divers problèmes pratiques. Le manque de pierres à proximité de la ville et surtout, l’absence d’adduction d’eau pèsent lourdement sur les possibilités de développement de la ville. Les nombreux puits, tant publics que privés, ne donnent pour la plupart que de l’eau plus ou moins saumâtre, inutilisable pour l’alimentation et pour l’arrosage, d’après des écrits des années 1950.

« Deux camions-citernes, appartenant l’un aux travaux publics, l’autre à la voirie, assurent tant bien que mal une distribution d’eau réduite. Un square avec parterres de fleurs et plantes ornementales a pu être aménagé avec beaucoup de difficultés, toute l’eau d’arrosage devant être amenée par camion-citerne. »

Mais le plus grand problème qui domine la vie municipale, est celui de l’action inquiétante de l’érosion maritime. Certains points de la ville sont au-dessous du niveau de la mer et les cotes varient pour la plupart de 4 à 7m. La ville n’est protégée de la mer par aucun cordon de dunes. Plusieurs fois, on assiste à des avancées ou des reculs appréciables de la plage, sans qu’aucun danger immédiat pour la ville ne se manifeste cependant.

« En 1953 et 1954, durant lesquels une centaine de mètres de plage furent grignotés, la mer pénétra à plusieurs reprises dans les rues de la ville avoisinant la côte, au cours de marées particulièrement violentes; l’émotion fut grosse à Morondava et il fut question à certain moment, sous le coup du désarroi, de l’abandon de la ville dont les installations devaient être transférées à l’intérieur des terres. »

L’un des chroniqueurs de l’époque évoque alors la nécessité d’informer l’opinion publique sur les faits qui sont « considérablement grossis » par les représentants locaux et par le service des travaux publics. En agissant ainsi, les premiers espèrent- « ce qui est légitime »- d’obtenir rapidement les crédits indispensables à la protection du littoral.

Le second voit, pour sa part, la possibilité de créer une nouvelle agglomération de toutes pièces, selon les données modernes, en faisant table rase de la vieille ville. D’après ce service, le coût du transfert serait peut-être moins onéreux que les travaux de protection. « Vue utopique, tant sur le plan technique que sur le plan psychologique : il n’est pas d’exemple d’abandon pure et simple d’une ville. »

En fait, tous semblent oublier que cette « intrusion de la mer » coïncide avec un temps cyclonique accompagné de fortes pluies, et les eaux qui stagnent pendant quelques heures en certains points bas, sont des eaux de pluie et non des eaux de mer.

« On n’eut jamais à déplorer le moindre dégât matériel ni, à plus forte raison, aucune victime. »

Les conséquences de cette érosion et de cet affolement sont lourdes pour la capitale du Menabe. Tous les travaux sont pratiquement arrêtés pendant deux ans (1953-1954) et de nombreux bâtiments en cours de construction sur les crédits du budget général, sont stoppés. « La décision de ne plus construire à Morondava avait même été prise. » Ainsi notamment, la construction du wharf est annulée. Tout le monde le regrette car un marché financé par le Fides est passé à cet effet avec la SNTP. Celle-ci a même entamé les premières installations, l’armement d’une dune et l’approvisionnement en pierres.

Ce n’est que grâce à la ténacité de la municipalité et des pouvoirs provinciaux que l’exclusive sur Morondava peut être levée. « Avec le calme revenu dans les esprits, une appréciation plus saine de la situation se fit jour ; des missions venues de France étudièrent ce phénomène d’érosion maritime qui n’est pas spécial à Morondava et qui se manifeste sur de nombreux autres points du globe, sans qu’il soit question pour cela d’abandonner quoi que ce soit. »

La mise en place de 11 épis perpendiculaires à la côte est préconisée et les travaux sont menés à bien au cours de l’année 1954. Les phénomènes d’érosion notables ne sont plus constatés quelques mois plus tard, car

« la plage s’engraisse sensiblement ».

 

 

 

Pela Ravalitera

 

Mardi 03 decembre 2013

L’Express

Publié dans Notes du passé

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