Conte: Le ciel et la terre

Publié le par Alain GYRE

 

Le ciel et la terre(1).

 

         C’est sûr, m’a dit un vieux paysan : un jour, ils finiront par recommencer à se disputer, et je ne sais plus ce qui va nous arriver. J’aime la terre, continua-t-il, mes ancêtres « Razako » y sont. J’aime le ciel, car mes Dieux « Anahariky » y sont. Je ne souhaite pas que la bataille recommence ; or elle va reprendre. C’est sûr, ça va arriver.

         Et tout en larmes, le vieux paysans s’expliqua :

         Autrefois, au commencement du monde, la terre et le ciel, qui sont parents, vivaient en très bonne intelligence. La terre est susceptible et le ciel est chatouilleux. Vint la dispute, et le ciel s’éloigna de la terre. Celle-ci, furieuse, redoubla de replis pour l’atteindre : ainsi se formèrent les montagnes. Le ciel riposta par des orages, ses balles ; par le tonnerre, son canon ; par le vent, le souffle de ses soldats. La terre forma des volcans qui sont ses frondes. La lune intervint par ses larmes, le soleil par ses yeux rouges, la mer par ses vagues, le fleuve par ses torrents ; et, curiosité jusque là inconnue, le caméléon intercéda en faveur de la terre, par ses roulements des yeux.

         La bataille cessa, mais la colère persista des deux côtés. C’est ainsi que le ciel reste encore là-haut, et que la terre demeure ici-bas. On dit que déjà depuis mille ans, la terre n’a pas été invitée par son frère le soleil, et que depuis mille ans, le ciel n’a plus parlé à sa sœur, la terre.

 

Et le pauvre paysan termina son récit : « Quand deux hommes ne se donnent plus à boire et à manger, c’est signe qu’ils couvent une haine farouche et qu’ils finiront toujours par s’entretuer ».

 

 

(1)    Beaucoup de contes malgaches parlent de la parenté du ciel et de la terre ; celui-ci me paraît assez original. Note aussi que dans beaucoup de légendes malgaches, le ciel et la terre sont personnifiés.

 

 

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