Conte: Le Papangue et la Poule

Publié le par Alain GYRE

Le Papangue et la Poule

 

Celui-là s’asservit qui contracte une dette ;

Il perd sa quiétude et bientôt la regrette.

 

Une poule, à la patte avait

Une chique qui l’énervait.

Elle eût pu retirer la bête minuscule

En quelques coups adroits de ses deux mandibules.

(Journellement,

Les chiens, les chats, avec leurs dents

Extirpent la gêneuse impitoyablement.)

Mais ce moyen si simple et trop à sa portée

Ne lui, venant pas à l’esprit,

L’oiseau de basse-cour, la patte retroussée,

Dit au papangue, son ami :

« Toi, dont l’aile est agile et le bec redoutable,

Aux cactus du chemin, prends un piquant pour moi.

Quand, d’une chique insupportable,

J’aurai débarrassé mon doigt,

Je te remettrai, sans lésine,

Des intérêts et ton épine. »

Papangue, complaisant, à la servir fut prompt,

Et la poule, aussitôt, tourmenta le ciron.

L’extraire était si difficile

Que la pondeuse, malhabile,

Dans l’herbe laissa choir l’épine de cactus !

La chique, avec fureur, rongea le médius,

Profitant de ce que la poule infortunée,

Stupide, désolée,

Grattait, grattait le sol avec acharnement

Pour trouver le piquant.

Vaine

Peine !

Le piquant ne se montra pas !

Aussi, las d’espérer, Papangue se fâcha :

« De la perte de mon aiguille,

Cria-t-il, toute ta famille

Répondra.

Tant que tes sœurs et toi vous serez occupées

A la rechercher, sur vos couvées

Chaque jour ma faim s’abattra. »

Et sinistre, implacable, il gagna les nuées.

 

Maintenant, de là-haut, il guette, sanguinaire,

Les petits de la poule et, comme sur la terre,

Celle-ci, sans repos, gratte toujours en vain ;

Le cynique larron fond sur quelques poussin.

 

Contes malgaches

Autour du dzire

Texte de J. Landeroin

Librairie Delagrave 1925

 

 

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