2012-09-24 Des cyclones dévastateurs de routes

Publié le par Alain GYRE

Des cyclones dévastateurs de routes

La période de l’après-guerre mondiale est difficile pour le jeune réseau routier malgache (lire précédente Note). Citons, entre autres, les cas de l’axe Fianarantsoa-Tolagnaro par les Hauts-plateaux qui est achevé en 1929, « juste à temps pour éprouver les désastreux effets des cinq ouragans qui, de janvier à avril, vont s’abattre sur la région » (direction générale des Travaux publics). En particulier, dans la nuit du 16 au 17 février, un terrible cyclone fond sur la région de Tolagnaro, arrachant les toitures, endommageant les bâtiments et ravinant les routes.
Durant ce premier trimestre de 1929, le pont de 120m de la Fanjahira est enlevé avec ses palées de pieux et transporté sur 3 km dans la plaine de Morafeno. De même, de nombreux ponts de moindre importance sont également détruits. Malgré tout, la piste Ihosy-Betroka restera suffisamment fréquentée pour justifier l’installation d’un hôte dans la capitale bara.
Dans la région de Mananjary, les travaux routiers sont naturellement retardés de manière considérable par les cyclones. Aussi la formule piste-route est-elle adoptée.
« La solution immédiate, la solution qui s’impose est la construction d’un grand réseau de pistes (empierrées dans les parties très difficiles) comme on l’a fait en Afrique du Sud », précise en 1925 le directeur général des Travaux publics dans une conférence.
Il balaie aussi toutes les objections, surtout celles qui soutiennent que les terrains sont accidentés. Pour lui, «ils ne le sont pas plus qu’en Afrique du Sud » et cette « objection n’est valable ni pour la côte Ouest ni pour le Sud ; et sur les Plateaux, elles suivront les vallées comme le font les routes empierrées actuellement ».
Concernant les pistes en latérite, d’après lui, il suffit de les entretenir à l’angady pour qu’elles restent praticables. « Car même les routes empierrées deviennent impraticables si elles ne le sont pas ».
Au sud de Mananjary, sur la piste-route de Farafangana, la liaison est réalisée pour la première fois, le 15 mai 1928, malgré les cyclones du début de l’année et les difficultés dues au franchissement du Vohibory (15 km de pentes). Fin mai 1927, Farafangana est à seize heures de Fianarantsoa et à deux jours d’Antananarivo en cas d’extrême urgence.
À l’Ouest, les travaux de la piste-route des Hauts-plateaux vers Miandrivazo, Mahabo et Morondava sont activement menés surtout entre Betafo et Mandoto, dans la descente du Bongolava vers Miandrivazo, et entre Mahabo et Morondava, le dernier tronçon devant rester carrossable toute l’année.
Vers l’Est, Toamasina est aussi dévastée par les cyclones du mars 1927. Le grand pont de 238 m d’Anosibe an’Ala s’effondre, mais la circulation sera rétablie avant la fin de l’année.
Entre Fianarantsoa et Antananarivo, la route est également touchée par les cyclones du 25 janvier et du 20 avril. Le Matsiatra déborde, le pont Eiffel d’Ivoamba est submergé jusqu’à la cornière supérieure. La route est alors déviée et sera franchie par un pont commun automobile-train.
En bref, durant cette période difficile 1919-1929 de l’après-guerre, la circulation s’intensifie et s’alourdit. Elle s’intensifiera davantage, mais ni le personnel ni les crédits d’entretien ne suivent une progression correspondante.
De 1924 à 1929, le nombre de véhicules immatriculés passe de 900 à plus de 4 500, alors que les crédits affectés au réseau routier n’augmentent que de 3 000 000 à 7 500 000 francs. Néanmoins, en 1929, la longueur totale du réseau routier atteint 8 600 km, dont 1 763 de routes principales.
D’ailleurs, la septième période (1930-1939) sera marquée par la régularisation du programme des travaux sur fonds d’emprunts. Si 63 millions sont dépensés aux routes et aux ponts à ce titre, le principal effort sera reporté sur les ports et les rivières (215 millions) et sur les voies ferrées (310 millions).
Mais durant cette période, le recrutement de la main-d’œuvre du Smotig continue à poser problème, bien qu’elle s’avère indispensable. Et dans l’ensemble, un travail considérable est réalisé.

Pela Ravalitera

Lundi 24 septembre 2012

L’Epress

Publié dans Notes du passé

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