Conte: Rajako

Publié le par Alain GYRE

 

Rajako

Fabliau Betsimisaraka

Recueilli à Loholoka (province de Mananjary).

 

Rajako (i), Rafaraka, Rasompalra et Rapizona partirent, dit-on, vers un ilot et pour cela construisirent une pirogue.

Les amis de Rajako avaient apporté des provisions, lui seul n’en avait pas.

Pendant que les autres mangeaient, il se mit à ronger la pirogue; bientôt elle fut percée et coula. Les autres nagèrent jusqu’au rivage et laissèrent Rajako seul sur la pirogue.

L’Antsingoro s’approcha.

« Si tu peux me transporter à la côte, dit Rajako, je te donnerai un sac d’argent. »

« Non, je ne veux pas. »

Le Fesotra refusa aussi.

Enfin vint le Lanorana qui porta Rajako jusqu'au rivage. Une fois arrivé, celui-ci dit au Lanorana de l'attendre, qu’il allait chercher un sac d'argent chez sa grand'mère.

Il ramassa des tessons qu’il mit dans un sac, puis il dit au Lanorana d'y entrer aussi, qu’il y trouverait son argent. A peine s’y fut-il introduit, que Rajako cousit le sac en s’écriant :

« Lanorana, je vais te vendre. »

Sa grand'mère lui dit :

« Si j’avais de l’argent, je te l'achèterais. »

« Ça ne fait rien; allez le faire cuire, et nous le mangerons ensemble. »

Quand il fut cuit, Rajako grimpa sur un arbre et cria à la grand’mère :

« Ton enfant est malade; va lui rendre visite. »

Elle y alla.

Pendant ce temps, Rajako mangea une partie de la viande et souilla le reste.

La grand’mère de retour ne trouva que de l’urine et des déjections humaines. Elle maudit Rajako. Puis elle alla salir le réservoir d’eau de Randiambe.

Randianrbe promit cent piastres à Rafano (2) s’il attrapait Rajako.

Rafano alors se fit enduire de glu et alla se placer sur la pierre où venait d’habitude Rajako. Celui-ci s’assit sur Rafano et se trouva attaché par la glu.

Rafano l’amena ainsi à Randriambe.

« Si tu me fais cuire, dit Rajako, ne me tue pas avant, et ne mets point d’eau dans la marmite.

Mais fais cuire tout mon corps tel quel. »

On mit donc Rajako tout entier dans la marmite.

Il urina tant qu’il put et résista ainsi un certain temps à la chaleur.

Puis, comme on ne faisait plus attention, il souleva le couvercle, sauta dehors et s’enfuit.

 

(i) Le singe.

(2) La grande tortue de mer.

 

Contes de Madagascar

Charles RENEL

 

 

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