2014-10-31 Notes du passé Entre le français canezou et le malgache akanjo

Publié le par Alain GYRE

Entre le français canezou et le malgache akanjo

31.10.2014

Notes du passé

2014-10-31 Notes du passé Entre le français canezou et le malgache akanjo

Pour changer, les Notes vont emprunter à Jacques Dez le résumé d’une étude sur le mot malgache « akanjo» en rapport au terme français « canezou». Ce dernier vêtement, « d’origine inconnue », est constitué d’un « petit corsage de lingerie, ou grand fichu de mousseline ou de dentelle protégeant le corsage de la robe» (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, 1969). Le dictionnaire étymologique de la langue française de Daugat indique, pour sa part, au mot « canezou » : « (XVIIIe siècle) Peut-être croisement entre provençal moderne camisoun (petite chemise) et caneçon (déformation populaire ancienne de caleçon). Désigne un petit corsage de lingerie à la mode sous l’Empire…» Plus prudent, celui de Bloch et Von Wartburg parle de « canezou» (1829). Quant à « akanjo », il figure dans le dictionnaire du père Malzac comme « nom générique des habits, de l’habillement, du costume ». Il en est de même de celui du Rev. Richardson qui ajoute que ce mot est à rapprocher du swahili « kanzu » ou du français « canezou ». Jacques Dez relève ainsi que dans le Betsimisaraka du Sud, il existe différentes sortes d’« akanjo» : l’ « akanjo » indique l’habit, le vêtement en général ; l’ « akanjo be» est le nom spécifique du vêtement en rabane, sans manche pour les jeunes, à manches pour les hommes. Ce vêtement couvre le corps depuis les épaules jusqu’à mi-cuisse ; l’ « akanjo boro » qui est une espèce de corsage, également en rabane porté par les femmes. Le vêtement couvre le corps depuis les épaules jusqu’en dessous des seins. Jacques Dez s’arrête sur le terme « boro » qu’on ne trouve pas dans les dictionnaires cités précédemment pour apporter quelques explications. Selon lui, même en betsimisaraka son usage n’est observé que dans l’expression « akanjo boro », « ce qui ne veut pas dire qu’il est inusité autrement ». Le dictionnaire du père Weber, poursuit-il, cite ce mot comme provincial dans le sens de « petit morceau de quelque chose, petit morceau d’étoffe », tel en pays antemoro, tandis que chez les Sakalava et les Tsimihety, cela désigne une « pièce, morceau qui reste », et chez les Antandroy, « petite monnaie». « La signification du mot boro apparaît ainsi clairement.» Jacques Dez fait ensuite le lien « akanjo-canezou ». En vieux malgache, dit-il, on peut citer le vocabulaire de l’abbé Challan qui traduit par «cannézou», l’habit, casaque, veste; et par « cannézou bé », « l’habillement plus propre, jupon». Pour Barthélémy Huet de Froberville, il s’agit respectivement de corset sans manches pour femmes, et de jupe et jupon. Cette dernière citation est accompagnée d’une observation : « La signification donnée ici est la vraie. Mais il se trouve faire partie d’autres mots composés où il faut lui en donner une plus étendue et alors, il doit être considéré comme une corruption d’ acantzou.» L’Auteur anonyme, à une date antérieure, vers 1750, complète : « La parure du corps est un canezou qui, aux jeunes femmes, ne descend pas assez bas pour leur cacher la gorge. » Au début du XIXe siècle, pour sa part, Coppalle décrit ainsi le vêtement des femmes merina : « Quelques femmes ont encore un petit justaucorps nommé akazou; il est ordinairement de soie. » Comme dit précédemment, le Rev. Richardson rapproche le terme « akanjo » au swahili « kanzu », rapprochement considéré comme « admissible ». Dans son dictionnaire de Swahili, le père Sacleux cite, lui aussi, le mot « k’ânzu » avec la signification d’une « sorte de toge longue et à manches ». Cette toge, en général portée par les hommes, sied également aux femmes avec quelques agréments. En conclusion, il rapproche ce mot avec l’ « akanjo » malgache, le « canezou » français (corps de robe sas manches) et l’arabe « quandûra» (longue chemise). Ainsi, « akanjo » et « kanzu » semblent apparentés, le premier provenant du second. Jacques Dez évoque aussi le terme tamoul « kaccu » qui indique une « sorte de corset porté par les femmes indiennes des anciens temps ». Mot également connu en Malayalam pour désigner un « corsage limité à la poitrine ». Il termine avec le mot sanskrit « kancrika » : vêtement collant, couvrant la partie supérieure du corps, ceste, cuirasse, vêtement en général ».

Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles

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