Conte: Le zébu qui sortait de la mer

Publié le par Alain GYRE

Le zébu qui sortait de la mer

Jadis, à une époque tout à fait reculée, il y avait, dit-on, un pauvre homme appelé Tsiomby, qui habitait dans le pays Menabé, région de Morondava (Tsiomby signifie : qui n’a point de place. Il se nomme ainsi car tout le monde le détestait. Quand il mendiait au seuil de la porte ou qu’il suppliait d’entrer, on le questionnait : « Comment t’appelles-tu ? — Tsiomby ». Tout en riant, toute la chambrée disait : « Va-t’en, chien de peau noire, puisque ton nom t’empêche de pénétrer ».

Confus, ne trouvant rien à manger dans les villages, Tsiomby vient s’établir au bord de la mer, sur une plage bien choisie. Là, il construit une haie dans laquelle il cultiva beaucoup de plantes sauvages. Pour avoir de quoi manger, il faisait de nombreuses excursions dans la forêt voisine fournissant des fruits nourrissants.

Les plantes de Tsiomby fleurissaient. Un grand nombre d’animaux marins et forestiers en étaient alléchés. Pendant l’absence de l’isolé, ses trésors étaient abîmés. Tsiomby, très en colère, prépara un piège. Un monstre de la mer fut pris. Cette victime gigantesque, armée de deux cornes pointues, douée d’une couleur rouge pourprée, lui inspira une effrayeure (sic) si intense qu’il s’éloigna pour réfléchir. Il se décida de la laisser tranquille durant deux jours de façon qu’elle fût affaiblie par la faim. La malheureuse bête tomba dans l’inanition. L’exilé en profita et, avec un cordage, l’attacha fortement.

Tsiomby l’élevait avec soin. A la longue, l’animal devenait domestique. Il s’appelait Menabé (rouge vif). Menabé avait été enceinte quand elle était arrêtée. Après quatre mois, voilà qu’elle mit au monde un petit du sexe mâle.

Les bestiaux de Tsiomby se multipliaient. Les couleurs étaient variées. Au début, les hommes les appelleraient Tsiomby, ils chérissaient bien leur propriétaire, alors ils le déclarèrent leur roi plus tard.

Le roi est toujours respectable. Personne n’ose l’appeler par un mauvais nom. Or Tsiomby se change en Omby. Les animaux sont aussi désignés omby. L’influence du roi Omby est stricte. Pouvoir et réputation se trouvent dans une extrême exagération. Ses sujets le traitent comme un Dieu. En cas de maladie, ils consultent Omby, soit pour délivrer des médicaments efficaces, soit pour faire des paroles magiques capables de guérir. Aujourd’hui même, ceux qui savent employer des remèdes s’appellent ombiasa (ombi=omby ou Dieu ; àsa= œuvres ; ombiasa = qui sait pratiquer les œuvres de l’Omby ou de Dieu, ou tout court, le guérisseur). C’est encore dans la même raison que les malgaches ont tendance, à chaque misère, de sacrifier un bœuf (omby) à leur Dieu Omby, de manière qu’ils en obtiennent secours et bonheur sain.

Telle est, d’après une légende, l’origine du bœuf et du nom malgache omby. Jusqu’à présent, certaines régions de Morondava ont le nom de Menabé, pays natal des bœufs. Voilà pourquoi, dit-on, les Sakalava du Menabé possèdent d’immenses troupeaux de bœufs.

On imagine que le Canal de Mozambique abrite encore des zébus.

Source de la légende:L. Modeste rakotondrasoa. «A propos d’un conte sur l’origine du bœuf». TALOHA, numéro 20, 20 octobre 2012

Publié par Jao Malaza sur 29 Juillet 2015

Lemurie

Publié dans Contes, Contes sur la toile

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