Eau, assainissement et hygiène : Une urgence pour Madagascar

Publié le par Alain GYRE

Eau, assainissement et hygiène : Une urgence pour Madagascar

Rédaction Midi Madagasikara 31 mars 2016

Eau, assainissement et hygiène : Une urgence pour Madagascar

650 millions de personnes dans le monde n’ont pas encore accès à l’eau potable tandis que 2,3 milliards n’ont pas accès à l’assainissement. Parmi eux, des Malgaches qui boivent et utilisent encore de l’eau trouble, au risque de développer des diverses maladies, notamment les diarrhées, frappant essentiellement les enfants. D’autres, essentiellement des femmes et des enfants, parcourent jusqu’à plus de 22km, comme c’est le cas pour les communes de Sampona et de Tanandava, près d’Amboasary Sud, pour puiser de l’eau dans la rivière Mandrare. Même dans la région Analamanga, l’eau des rivières, non potable, sale et parfois boueuse, est la seule option qui s’offre à des populations entières en matière d’eau, avec les conséquences que cela implique. Tout ceci fait perdurer un cercle vicieux qui nourrit davantage la pauvreté. D’ici à 2030 pourtant, l’objectif à atteindre dans le monde et à Madagascar, est de faire en sorte que l’eau potable soit accessible par tous et partout. Cette échéance arrive dans moins de 14 ans…

Il y a urgence. Pour atteindre l’objectif fixé par Madagascar qui est de donner accès à l’eau potable à 76% de sa population, soit plus des trois quarts, d’ici à 2025, le pays doit mettre les bouchées doubles, voire davantage. L’eau, notamment l’eau potable n’est toujours pas suffisamment considérée comme une extrême priorité, face à d’autres préoccupations qui paraissent toutes aussi importantes les unes que les autres dans des pays en développement comme Madagascar. Les organismes non gouvernementaux en activité dans le domaine de l’eau, l’assainissement et l’hygiène (EAH) s’évertuent à sensibiliser, à informer, à tirer maintes fois la sonnette d’alarme, à mettre en œuvre des programmes au profit des populations afin de faire évoluer la situation, mais pour l’heure, les progrès ne sont pas suffisamment rapides pour faire la différence sur le terrain. Et pourtant, de l’accès à l’eau dépend une proportion importante d’activités et d’emplois, dont les rendements contribuent à la croissance économique et au développement social. Un lien qui ne paraît pas toujours évident aux yeux des décideurs, faisant de l’eau une priorité, certes, mais qui n’obtient pas le soutien adéquat en termes de budget et de financement. Thème choisi, cette année, dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de l’eau (« L’Eau et l’Emploi »), ce lien direct et entre l’eau et l’emploi met en exergue l’urgence que représentent l’eau et l’eau potable dans le développement économico-social. Selon le rapport mondial 2016 des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, lancé la semaine dernière à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, l’eau, « de son extraction jusqu’à son retour dans la nature, en passant par ses différents usages, l’eau est un facteur clé dans la création d’emploi qu’il s’agisse d’emplois directement liés à la gestion de cette ressource (approvisionnement, infrastructure, traitement des eaux usées…) ou à des secteurs économiques gourmands en eau comme l’agriculture, la pêche, l’énergie, l’industrie et la santé. Par ailleurs, l’accès à une source d’eau potable et à l’assainissement favorise une main d’œuvre éduquée et en bonne santé, facteur indispensable de croissance ».

En investissant suffisamment dans l’accès et la gestion durable de l’eau, le retour sur investissement est largement rentable. Il reste aux décideurs de traduire leurs engagements dans le domaine de l’eau en fait tangibles et mesurables, aussi bien en termes de budget que de réalisations.

Questions à…

Robert Kampala, directeur de WaterAid

pour la région Afrique Australe

Midi Madagasikara (M.M.) : Le défi reste à relever pour l’Afrique australe en matière d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène. Quelles sont les difficultés auxquelles la région fait face ?

Robert Kampala (R.K.) : Les défis sont nombreux pour la région et portent essentiellement sur le faible pourcentage de financements alloués au secteur EAH. Le défi sur le secteur financier représente, en effet, un obstacle dans le développement du secteur EAH. Mais il y a également le problème de planification intégrée dans la mesure où le secteur EAH semble être traité séparément par rapport à d’autres volets tels l’éducation ou la santé, alors que tous ces secteurs doivent avancer ensemble et les actions entreprises doivent prendre en considération tous ces secteurs avec celui de l’EAH, autrement, nous risquons d’aller droit dans le mur. La durabilité des investissements pose également problème car certaines réalisations et infrastructures ne sont plus fonctionnelles quelque temps après leur mise en place. Nous gagnerions à veiller à cet aspect de la durabilité, pour augmenter le nombre de personnes qui en bénéficient. L’autre grand défi que la région Afrique australe doit relever est celui du changement climatique, dont les impacts se ressentent directement sur le secteur EAH.

M.M. : Face à ces défis, comment alors faire en sorte que le secteur EAH devienne véritablement une priorité pour les gouvernements de la région ?

R.K. : Les gouvernements ne priorisent pas suffisamment le secteur EAH. L’eau et l’assainissement ne représentent toujours pas une priorité clé dans les actions qu’ils mènent. Et pourtant, nous avons besoin d’une action urgente en faveur de l’EAH afin de pouvoir prétendre à un réel développement. Les gouvernements et les partenaires de développement doivent marcher dans la même direction afin de pouvoir résoudre le problème. Et dans la mise en œuvre des diverses stratégies, les gouvernements doivent tenir leurs engagements. Les prochaines échéances des objectifs de développement durable (ODD) sont les prochaines étapes face auxquelles ils doivent plus que jamais tenir leurs promesses.

L’eau en chiffres

1,5 milliard de travailleurs dans le monde sont employés dans des secteurs liés à l’eau.

¾ des emplois dans le monde dépendent de l’eau.

50 litres par jour, telle est la quantité moyenne d’eau nécessaire à chaque personne pour assurer une bonne hygiène, rester en bonne santé et assurer tous les besoins domestiques.

45 %, soit près de la moitié, du salaire journalier des travailleurs pauvres, équivalent au coût de ces 50 litres d’eau actuellement.

48 % de la population de Madagascar n’ont pas encore accès à l’eau potable.

http://www.midi-madagasikara.mg/

Publié dans Eau, Assainissement, Hygiène

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A
Super initiative ! bravo !
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