Conte: Grand-Kibaraka et Petit-Kibaraka

Publié le par Alain GYRE

Grand-Kibaraka et Petit-Kibaraka

Conte Vezo

Un pêcheur malchanceux ne prend jamais de poisson. Sur le conseil de sa femme, il va pêcher à un autre endroit, et là, il prend le poisson d’or. Le poisson d’or lui parle et lui promet une pêche miraculeuse s’il le relâche. Le pêcheur accepte. Mais quand sa pirogue est pleine à ras bord, paraît une bête, qui lui lance une formule dans une langue inconnue. Comme le pêcheur reste coi, la bête lui enlève tous ses poissons.

Le pêcheur rentre donc encore bredouille. Sa femme se moque de lui et lui conseille d’aller voir les Indiens ; auprès des Indiens, le pêcheur apprend la réponse à la mystérieuse formule. Il peut maintenant répondre à la bête, qui ne lui prendra plus ses poissons. Très vite il devient riche.

Mais un jour sa femme veut manger le poisson d’or. Le pêcheur va le pêcher à nouveau. Le poisson accepte d’être mangé. Quand la femme en a mangé ; elle devient enceinte et, à son terme, accouche de deux jumeaux : Grand-Kibaraka et Petit-Kibaraka. Quand le premier atteint l’âge d’homme, il part, laissant à sa mère une plante magique qui lui indiquera en se fanant s’il lui est arrivé malheur. Par sa magie Grand-Kibaraka se procure un cheval capable de le transformer en fantôme. Ainsi métamorphosé, Grand-Kibaraka est la risée des jeunes filles, mais il leur répond avec mépris.

Un roi organise une épreuve pour désigner les maris de ses filles. Le gendarme et le Blanc gagnent les deux aînées, et Grand-Kibaraka gagne la benjamine. Tout le monde se moque d’elle : la voilà, mariée à un fantôme ! Mais un jour le roi à besoin de l’aide de ses gendres pour une guerre. Grand-Kibaraka (à qui on a donné par dérision un cheval boiteux et un mauvais fusil) reprend sa vraie forme et son propre cheval. Sa seule apparition fait fuir les ennemis. Il enlève en gage un mouchoir au roi son beau-père. Il reprend sa forme de fantôme pour revenir chez sa femme, qui le reconnaît pourtant grâce au mouchoir. Il reprend alors sa vraie figure, et il humilie ses beaux-frères le Gendarme et le Blanc.

Puis il repart chez ses parents, laissant pour le moment sa femme à sa belle-famille. Il passe par le chemin des Diables, et le diable l’invite à jouer aux cartes. Grâce à une vieille servante des Diables qui a eu pitié de lui, il sait comment interrompre la partie au moment où le Diable va gagner ; il casse une calebasse pleine de rats et une autre de lézards, et le chat qui tient la lampe du Diable saute en laissant tomber la lampe. Malgré tout il est fait prisonnier par le Diable.

Sa mère voit alors la plante magique se faner. Elle envoie à son secours Petit-Kibaraka, qui trouve d’abord le village où son aîné s’est marié. Les beaux-parents et la femme elle-même le prennent d’abord pour son frère tant il lui ressemble. Il arrive à son tour au chemin des Diables, fait lui aussi une partie de cartes avec le Diable, et l’interrompt au bon moment par la même ruse que son frère ; le Diable s’enfuit alors pour ne plus revenir. Petit-Kibaraka libère son frère qui était presque mort, et le ressuscite. Quand Grand-Kibaraka reprend connaissance, Petit-Kibaraka lui reproche son imprudence. L’aîné se met alors en colère et tue son cadet d’un coup de couteau. Mais il se repent, et le ressuscite à son tour.

Ils rentrent alors ensemble à la maison, avec les trésors des Diables. Ils vivent ensemble jusqu’à ce que l’un des deux meure. Alors l’autre se suicide et on les enterre tous les deux.

Songeritelo, près de Toliara, novembre 1976, conté par un jeune homme

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