Notes du passé: Le Fort merina de Mahajanga vu par Guillain

Publié le par Alain GYRE

Le Fort merina de Mahajanga vu par Guillain

26.09.2016 Notes du passé

Notes du passé: Le Fort merina de Mahajanga vu par Guillain

Si les forts de la côte Est sont établis pour contrôler, voire contrecarrer, l’influence française, il n’en est pas de même initialement, pour les Rova de la côte Ouest. Là, ils doivent surtout servir à surveiller les régions sakalava récemment soumises et préserver la sécurité des communications entre Antananarivo et la côte.

Sous le règne de Radama Ier, ces Rova ne sont, en fait, que « de modestes postes fortifiés. L’enceinte était surtout construite en pieux, dans certaines régions elle était en bambous » (Jean Aimé Rakotoarisoa, Association malgache d’archéologie). Les fortifications sont édifiées selon les moyens naturels dont le gouverneur et ses soldats disposent : grosses pierres, palissades de bois, bambous et plantes épineuses.

Ces postes fortifiés doivent prendre de l’importance par la suite. Les forts merina de la région occidentale ont à faire face, non seulement aux Sakalava, mais aussi à la menace française à partir de 1841. Nosy Be est une possession des Français et elle sert de base à leurs tentatives d’implantation qui se fondent sur les « droits historiques » légués par des roitelets sakalava réfugiés sur l’ile. Après les échecs essuyés sur la côte Est, notamment devant Farafaty en 1845, les Français accentuent leur pression sur la région de la baie d’Ampasindava et sur Anorotsangana. Par contrecoup, Mahajanga devient aussi menacée.

D’après l’auteur de l’étude, le Rova est englobé dans le périmètre de la caserne de Mahajanga. Créé en 1824 par Radama et gouverné au début par Ramanetaka, il est l’objet de nombreuses descriptions faites par de nombreux auteurs à différentes époques. Mahajanga est composée de deux villes bien distinctes, la ville située sur la colline et la ville commerçante arabe. « Les premières fortifications font plutôt penser à un camp fortifié qu’à un véritable Fort. »

Guillain le décrit en 1845. « Situé sur le sommet de la colline de Saribengo qui s’élève brusquement à la hauteur d’environ 120 mètres en arrière de la ville de Moudzangaïe, le Fort n’était alors qu’un assemblage de cases faites de feuilles et de paille selon l’usage du pays. Une seule maison de pierres dont la construction était confiée à des maçons antalaots’, s’élevait au milieu de ces buttes, elle était destinée au gouverneur. Le tout occupait une surface d’environ un demi-mile de tour, et n’était défendu que par une palissade de bambous dans laquelle on avait aménagé deux ouvertures servant d’entrées, l’une regardait Moudzangaïe, l’autre le côté opposé; à la première étaient placées trois pièces de gros calibre, mais dont une seule était montée. Telle était la position dans laquelle Ramanetaka allait avoir à braver les efforts des Sakalaves et pour la défendre, il n’avait que 5 à 600 hommes, dont une partie était déjà réduite par les maladies au plus pitoyable état… Il fit doubler les pieux de la palissade et élever à la hâte, en dedans de celle-ci, un rempart en terre d’environ quatre pieds de haut ; en outre, une pièce d’artillerie fut placée à chacune des ouvertures, la bouche saillant entre les lourdes poutrelles suspendues dont les indigènes formaient ordinairement leurs postes. Ces dispositions terminées, il attendit tranquillement l’ennemi.»

Le gouverneur Ramanetaka remplace aussi la plupart des cases en paille par des maisons en planches avec des couvertures de feuilles. Guillain poursuit : « Au moment où je me trouvais sur les lieux, il pouvait avoir dans l’enceinte de 70 à 80 cases. »

La ville domine tout le terrain environnant. Elle est entourée d’une palissade assez faible en beaucoup d’endroits. Côté sud où se trouve l’entrée qui fait face au mouillage, la palissade est remplacée en partie par un pan de muraille haut d’environ trois mètres et contre lequel il est établi un remblai formant plateforme. Sur le flanc de la colline, côté sud-ouest, il existe aussi un petit bastion à deux embrasures dont une seule est armée. Il bat le chemin qui mène à la porte du sud. À celle-ci aboutit l’avenue qui conduit du débarcadère à la ville.

Trois autres ouvertures sont ménagées dans la palissade, la première au nord, de laquelle part la route qui mène à Antananarivo, la seconde au nord-ouest et la troisième à l’est. En dehors de la palissade, il y a une « sorte de glacis large de dix à douze pas, planté d’arbres dont les branches toujours feuillues, forment autour de la ville comme une haie vive ou un rideau de verdure ».

La porte nord-ouest ouvre sur un chemin conduisant à un petit fort situé sur la pointe d’Anorombato. La muraille de ce fort, est épaisse de cinq mètres et haute d’environ quatre mètres. Le tiers de cette hauteur est prise par le parquet. Quatre cavités situées aux quatre coins cardinaux y sont aménagées à l’intérieur pour servir de poste de garde et de magasins. Au centre, se trouvent la poudrière et une sorte de citerne pour stocker l’eau en saison sèche.

« La garnison de Mahajanga est composée de trois cents hommes, mais il en est toujours quelques-uns d’absents, occupés d’opérations commerciales dans les villages du Nord et du Nord-est.»

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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