Notes du passé: Les fonctionnaires « sollicités » à souscrire à la Compagnie

Publié le par Alain GYRE

Les fonctionnaires « sollicités » à souscrire à la Compagnie

21.01.2017 Notes du passé

 

Avec l’intervention ouverte de Louis XIV et la publicité menée à grande échelle, la constitution d’une nouvelle (la quatrième) Compagnie française des Indes orientales est vite lancée. Trois réunions en mai 1664, suffisent pour rédiger un projet de société, dont les statuts comportent quarante articles, qui est présentée au roi en sa forme primitive (lire précédente Note). Le 5 juin, trois cents actionnaires s’assemblent et désignent douze syndics « qui allaient mettre au point le régime de la société et procéder à l’émission des actions et fixer à quinze millions de livres le montant du capital (Edmond François, membre de l’Académie malgache, communication du 17 décembre 1943 à l’occasion du Tricentenaire de l’établissement de l’autorité française à Madagascar).

Louis XIV use de son autorité et de son prestige pour assurer le succès de l’émission. Sa lettre du 13 juin est largement publiée pour faire connaitre que le souverain souhaite vivement la constitution de la Compagnie. « On sollicita le clergé après la Cour et la noblesse, les municipalités et les échevins. Les fonctionnaires à leur tour furent priés à souscrire. » Le roi fait aussi savoir qu’il consacre trois millions pour la formation du capital, qu’il renonce à tous intérêts pour dix années, sans pour cela se dérober aux risques de l’affaire. Il précise qu’il verserait la somme par tranches de trois cents mille livres. « Le deuxième versement, effectué en numéraire, fut chargé sur des voitures et promené dans Paris. La cavalcade était escortée par une compagnie de suisses, musique en tête. »

De son côté, Kergadiou qui revient de Fort Dauphin, organise une série de conférences au cours desquelles il montre les richesses et les produits qu’on peut recevoir de Madagascar. « La souscription ne pouvait que pleinement réussir. » Aux trois millions promis par le roi, s’ajoutent 60 000 livres versés respectivement par le dauphin, la reine et la reine mère, 3 200 000 par la Cour, 30 000 par le prince de Condé, 20 000 par le prince de Conti, 180 000 par la corporation des drapiers, 306 000 par les syndics de Paris, 600 000 par le corps des marchands, deux millions par les officiers de Finances. La ville de Lyon promet un million de livres, Rouen

550 000, Nantes 200 000, Tours 150 000, Toulouse 120 000, Saint-Malo 100 000, Rennes 100 000, Grenoble 113 000 et Dijon 100 000 livres.

Enfin, la troisième Compagnie dont le privilège  n’est pas encore expiré, renonce à ses droits moyennant 20 actions de 1 000 livres.

« Le duc de Mazarin, fils et héritier de La Meilleraye et encore héritier de Mazarin pour avoir épousé la nièce du cardinal, souscrivit 100 actions de 1000 livres et céda à prix d’inventaire le matériel qu’il possédait à Madagascar. »

Les syndics se réunissent pour élire parmi eux un conseil de direction comportant six membres. Ils choisissent comme président et chef de la Colonie Pierre de Beausse, gendre de l’ancien directeur de la seconde Compagnie des Indes, de Loynes. Louis XIV accorde des lettres patentes à la société, le 1er septembre 1664. « La Compagnie des Indes de l’Orient recevait en toute propriété l’ile de Madagascar et bénéficiait du privilège  de la navigation dans les mers des Indes de l’Orient durant cinquante années, à compter du départ de la première flotte. »

Il est précisé que les représentants de la Compagnie dans la Colonie parleraient au nom du roi. Un décret du 26 octobre 1664 fait connaitre les volontés de Louis XIV en ce qui concerne les méthodes de colonisation à employer à Madagascar. Il est spécifié en particulier que « la justice sera rendue aux Malgaches et aux Français sans aucune distinction ».

Peu après cette loi, on appose sur les murs de Paris des affiches pour recruter des colons et des soldats qui serviront dans la Grande ile. On recherche à la fois des ouvriers de toutes professions et des cultivateurs. Il est aussi annoncé que la Compagnie transporterait les engagés à ses frais, les nourrirait durant la traversée et les trois mois qui suivraient le débarquement. Elle leur accorderait le moyen de gagner leur vie. Les artisans de toutes professions qui demeureraient au moins huit années dans la Colonie, seraient considérés à leur retour en France comme maitres de chefs-d’œuvre dans leur corporation. « Cette dernière promesse constituait une grande faveur car dans chaque profession, un très long apprentissage était imposé auquel succédait la couteuse confection d’un ou de plusieurs chefs-d’œuvre. Et tout ce travail n’était pas nécessairement couronné par l’élévation à la maitrise. »

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles

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Publié dans Histoire, Notes du passé

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