A Madagascar, ‘la plus récente commué juive du monde’ cherche ses racinesnaut

Publié le par Alain GYRE

A Madagascar, ‘la plus récente commué juive du monde’ cherche ses racinesnaut

26/02/2017     

 

A Madagascar, ‘la plus récente communauté juive du monde’ cherche ses racines JTA — Même s’il n’y a pas de synagogue, de mikvé ou d’école juive à Madagascar, les visiteurs se rendant au sein de cette nation insulaire africaine peuvent profiter d’un repas strictement casher, de cours hebdomadaires et assister aux offices de Shabbat.

Cette toute nouvelle communauté juive de 121 personnes – tous convertis au judaïsme depuis le début de l’année – n’a pas les moyens de faire construire une synagogue. L’un de ses membres arpente actuellement les Etats Unis pour sensibiliser à sa cause et lever des fonds qui permettront de favoriser la présence de la communauté juive à Madagascar.

“Si les gens étaient suffisamment riches, peut-être que chaque famille pourrait économiser de l’argent, et nous nous réunirions pour faire construire une synagogue — [mais] c’est [le] genre de choses que nous ne pouvons pas nous permettre”, déplore Elysha Netsarh, maître de conférence à l’Université en chimie végétale et membre de la communauté juive basée dans la capitale de Madagascar, Antananarivo.

Plus des trois-quarts de la population de la ville vit en dessous du seuil de pauvreté international (soit 1,90 dollars par jour) selon les données de la Banque Mondiale.

La communauté juive appartient majoritairement à la classe moyenne, indique Netsarh — la majorité de ses membres gagnent donc assez d’argent pour répondre à leurs besoins, mais ne sont pas pour autant en mesure de faire des économies.

Certains membres de la communauté malgache naissante ont commencé à pratiquer le judaïsme aux environs de 2010. Ils ne sont devenus officiellement juifs qu’au mois de mai, lorsque trois rabbins orthodoxes sont venus sur l’île, située au large du sud-est africain, pour procéder aux conversions.

Ces dernières ont permis à Madagascar de devenir la plus récente communauté juive au monde, selon le groupe Koulanou, organisation à but non-lucratif, qui soutient la communauté ainsi que d’autres groupes isolés à travers le monde désireux d’apprendre ce qu’est le judaïsme.

Lors de ce que Netsarh a qualifié “d’évènement extraordinaire”, 121 Malgaches ont répondu aux questions posées devant le tribunal rabbinique et se sont immergés dans une rivière qui a fait office de bain rituel. Les hommes ont subi des circoncisions symboliques et 12 couples se sont mariés conformément à la tradition juive.

Netsarh, comme la plupart des Juifs malgaches, est arrivée au judaïsme à travers le christianisme. Élevée dans la foi catholique, elle s’est sentie insatisfaite face à ses questionnements et a tenté d’explorer d’autres dénominations chrétiennes. Aucune d’entre elles ne l’a pour autant comblée.

“J’avais cette soif profonde au fond de moi, un sentiment qu’il me manquait quelque chose”, a-t-elle confié le mois dernier à JTA alors qu’elle se trouvait dans l’appartement de la présidente de Koulanou, Harriet Bograd, dans l’Upper West-Side, qui sert aussi de bureau à l’organisation.

Le judaïsme était toujours resté en arrière-plan pour Netsarh. Son grand père lui avait dit qu’elle avait des aïeux juifs alors qu’elle était petite fille. Même si elle n’a exploré le judaïsme que de longues années après, elle a eu le sentiment d’un accomplissement nécessaire à dépasser.

“Je voulais trouver quelque chose qui vienne me combler, et je ne l’ai jamais trouvé avant d’adopter ma vie de juive”, a-t-elle raconté.

Netsarh, 40 ans, n’est pas la seule à penser avoir des racines juives. Une vaste majorité de Malgaches pensent descendre de Juifs, et certains membres de la communauté, au mois de mai, ont hésité à se convertir dans la mesure où ils pensaient déjà être Juifs.

Les recherches génétiques n’ont pu venir corroborer ces récits, montrant au contraire que les premiers habitants de l’île étaient d’origine malayo-indonésiennes, explique Nathan Devir, professeur associé d’études juives à l’Université de l’Utah, qui s’intéresse à ce groupe depuis 2012.

Plus tard, ce sont des migrants bantous africains qui se sont établis sur l’île. Mais Devir n’écarte pas totalement la possibilité d’un héritage juif.

“Je n’ai pas vraiment d’opinion définitive sur le fait qu’ils descendent ou non au niveau racial d’un peuple ayant appartenu à l’une des 10 tribus perdues… Au vu de la recherche génétique qui a été effectuée, c’est improbable mais cela reste possible”, atteste-t-il.

Bograd considère l’authenticité du “secret malgache”, auquel la croyance en un héritage juif se réfère, sans rapport avec son travail dans le groupe.

‘Lorsque les gens veulent pratiquer le judaïsme, nous les accueillons et s’ils ont des histoires sacrées, nous les honorons’

“La position de Koulanou, et ma position en tant que présidente, est que lorsque les gens veulent pratiquer le judaïsme, nous les accueillons et s’ils ont des histoires sacrées, nous les honorons… Mais ce n’est pas notre travail de prouver ou d’infirmer ce qu’il s’est réellement passé”, a-t-elle expliqué.

A travers tout le mois de décembre, Netsarh s’est exprimé dans les synagogues et au sein des organisations juives partout aux Etats Unis afin de lever des fonds pour soutenir le travail livré par Koulanou au sein de sa communauté et dans le monde.

Koulanou est en contact avec deux donateurs potentiels visant la construction d’une synagogue et d’un mikvé à Madagascar — mais les plans doivent encore être finalisés, a fait savoir le vice-président du groupe, Bonita Nathan Sussman.

Les leaders de Koulanou espèrent que Netsarh pourra mettre en exergue le travail fourni par l’organisation à Madagascar et partout dans le monde. Au cours des cinq dernières années, l’organisation a constaté une augmentation des groupes désireux d’en savoir davantage sur le judaïsme, dit Sussman.

“Nous recevons des courriels chaque semaine émanant d’individus et de nouvelles communautés… Les gens réclament notre attention”, indique Sussman, citant des contacts avec des individus et des communautés intéressées au Rwanda, en Malaisie, en Afghanistan, en Indie et en Côte d’Ivoire.

La motivation de Sussman provient de l’histoire juive – elle considère son travail comme un moyen “permettant de reconstruire le peuple juif” après l’Holocauste et la persécution des Juifs dans les pays arabes.

Pendant ce temps, la communauté récemment « reconstruite » de Madagascar continue à affronter ses combats quotidiens et à assumer ses responsabilités avec l’engagement sérieux d’en apprendre toujours davantage sur sa nouvelle religion.

Dans le cas de Netsarh, cela signifie trouver du temps pour étudier la Torah entre deux emplois et les devoirs familiaux. Elle travaille comme maître de conférences à l’Université d’Antananarivo, comme consultante pour une entreprise de médecine homéopathique et s’occupe des enfants de sa sœur, ce qui implique de se réveiller tous les jours à 4 heures et demi du matin.

“Chaque matin, lorsque je lis la Torah, c’est comme si je buvais de l’énergie”, dit-elle.

La majorité des Juifs de Madagascar ne peuvent étudier les textes juifs avec autant de facilité. Seule une autre personne au sein de la communauté parle l’anglais, et alors que la majorité comprend un peu le français, la lecture de ces textes complexes dans la langue originale est un combat.

En conséquence, Netsarh oeuvre à produire la toute première traduction en Malgache des Cinq Livres de Moïse et du livre de prière juif. Jusqu’à présent, elle a terminé le livre de la Genèse, mais souligne que son emploi du temps l’empêche de progresser aussi rapidement qu’elle le souhaiterait.

‘Chaque matin, quand je lis ma Torah, c’est comme si je buvais de l’énergie’

Malgré ses responsabilités, elle hésite à se qualifier de leader, disant que dans sa communauté orthodoxe – même si les hommes et les femmes sont considérés comme égaux – “les hommes devraient diriger”.

Netsarh cite la tzniut, le terme hébreu pour pudeur, en expliquant l’ensemble qu’elle porte – un manteau marron qui couvre la plus grande partie de son corps et un foulard qu’elle a fait faire sur mesure chez un tailleur. Elle n’est pas la seule membre de sa communauté à suivre une interprétation stricte de la loi juive.

La communauté, qui a trois leaders spirituels mais n’a pas de rabbin, a opté pour la prudence pour prévenir toute transgression potentielle de la loi juive. Pendant des années, alors qu’aucun accès à la nourriture casher n’était possible, les membres ont choisi de suivre un régime inspiré du pesco-végétarisme.

“Tous les membres de la communauté veulent progresser au niveau spirituel. Un niveau spirituel plus élevé est bien plus important que de manger de la viande”, dit-elle.

Tandis qu’elle se trouve aux Etats-Unis, et en plus de son action de collecte de fonds en faveur de sa communauté, Netsarh espère que l’expérience juive unique vécue par les malgaches puisse inspirer les Juifs américains. Elle a entendu dire que « la religion est parfois superficielle ici en raison de l’environnement social ».

Les Juifs américains peuvent “apprendre de nos vies et principalement de notre manière d’être des Juifs”, dit-elle.

 

Source:timesofisrael.com

http://www.etropique.com/

Publié dans Religion

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