Conte: Le Chien et le Sanglier

Publié le par Alain GYRE

 

Le Chien et le Sanglier (Première version)

 

Autrefois, le Sanglier et le Chien avaient, dit-on, une commune origine, étant issus du même père. Celui-ci, vieux et malade, et sentant sa fin prochaine, appela ses deux fils et les chargea de lui chercher des remèdes pour apaiser ses souffrances. Le Chien rapporta du riz, le Sanglier des patates et des sosa (tubercule comestible, genre igname). À cette vue, le père leur dit : « Désormais, le Sanglier habitera les forêts et les vallées solitaires, quant au Chien, il vivra près de l’Homme et recevra sa subsistance à la porte de son maître. »

Le père mort, les deux frères se disputèrent l’héritage paternel : le Sanglier s’empara du vibe (hachette à lame étroite et longue) – et le Chien obtint, pour sa part, le tsindro (sagaie pointue, sorte d’épieu).

Le Sanglier dit alors à son frère : « Si tu t’aventures jamais dans la forêt, je t’assommerai avec ma hache. » – « Quant à toi, répondit le Chien, si tu t’avises de venir ravager et détruire les cultures de l’Homme dont je serai l’hôte, je te poursuivrai partout jusqu’au coucher du soleil. »

D’où le proverbe : Il ne faut pas être amis comme le Chien et le Sanglier.

 

 

 Le Chien et le Sanglier (deuxième version)

 

Le Sanglier et le Chien étaient frères ; ils avaient le même père et la même mère et habitaient une grande forêt.

À la mort de leur mère Bao, ils procédèrent au partage de la succession. Le Sanglier hérita du viarara (couteau), la graisse fut la part du Chien. Le Chien dit :

« Je vais confier mon sort à l’Homme et habiter près de lui dans un village, car je ne puis plus supporter la solitude de la forêt. » – « Si telle est ton intention, dit le Sanglier, va-t’en, mais tu n’emporteras pas chez l’Homme ta part d’héritage. » Le Chien refusa de rester dans la forêt, et, dépouillé de son avoir, s’en fut dans un village, où il s’installa chez l’Homme, auquel il raconta son histoire. –

« Lorsque je quittai la forêt, dit-il, le Sanglier a retenu injustement ma portion de graisse. Je voudrais retourner là-bas, et reprendre mon bien que je suis sûr de ravoir avec ton aide. »

En compagnie de l’Homme, le Chien se mit en route pour aller chercher sa graisse chez le Sanglier. Une lutte terrible s’engagea, mais le Chien, aidé de l’Homme, fut victorieux et rapporta sa part d’héritage.

Voilà pourquoi le Sanglier ravage les cultures et dévore les récoltes de l’Homme pour se venger de l’appui que celui-ci prêta jadis au Chien.

Jusqu’aujourd’hui le Chien réclame au Sanglier sa graisse puante, et lui livre bataille dès qu’il le rencontre. Par son aboiement sonore, le Chien appelle sa mère : «Bao ! Bao !»

 

Contes-et légendes bara

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Bulletin de l’Académie malgache

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