Conte: Origine du manioc : le perroquet

Publié le par Alain GYRE

 

Origine du manioc : le perroquet

Quand Ndriananahary eut terminé la création du monde, il se trouva entouré d’une multitude d’oiseaux.

Voulant jouir seul, en toute tranquillité, de la totalité de son céleste  royaume, il résolut de se débarrasser d’eux, et, en premier lieu, du perroquet qui était criard et tapageur ; et, dans ce but, il lui ordonna d’aller habiter la terre. Comme il n’avait pas de grief sérieux à reprocher à l’oiseau bavard, Ndriananahary, pour ne pas le désoler, lui donna des racines de manioc pour se nourrir sur la terre ; à cette époque, le manioc ne poussait qu’au ciel. Le perroquet remercia le Créateur de son attention, mais, osa-t-il dire :

- Que deviendrai-je quand sera épuisée ma provision ?

- Tranquillise-toi, lui répondit Ndriananahary, tu n’en manqueras jamais, car tu emporteras avec toi quelques boutures de la plante aux farineuses racines, et de ma part, tu recommanderas à l’homme de les planter et d’en prendre soin.

Quoique peiné de quitter le céleste, séjour, le perroquet descendit sur la terre, tout fier de sa mission de confiance dont l’avait chargé le Créateur. Mais léger et inconstant, il oublia bien vite les douceurs de sa vie antérieure et prit plaisir en cours de route, pour se rappeler les paroles de Ndriananahary, à répéter tout le temps : « Ia !Ia !! Ia !!! » ce qui veut dire : « A qui ? à qui ? à qui ? »

Lorsqu’il arriva sur la terre, il se souvint de sa divine mission et remit à l’homme les racines de manioc dont il était porteur , en lui transmettant l’ordre de Ndriananahary.

L’homme planta les précieuses tiges et s’en occupa consciencieusement. Peu après, le champ fut plein de manioc bon à être récolté. L’homme déterra les racines, heureux du résultat obtenu par son travail ; mais il fut obligé de s’absenter quelques instants. Pendant ce temps, le perroquet, profitant du moment propice, se mit à manger avidement de menues racines. Quand l’homme revint, il s’aperçut du vol dont il était victime, mais ne se plaignit pas du larcin du perroquet, puisque c’était à l’oiseau babillard qu’il devait cet aliment supplémentaire.

L’homme trouva ce farineux si appétissant qu’il s’habitua à en manger tous les jours et planta de grandes étendues de terrain en manioc pour les soins de sa famille et la nourriture de ses animaux.

Telle est l’origine de cette plante : c’est pourquoi le perroquet peut prendre sa part de la récolte de l’homme, s’il n’est pas vu, mais l’homme a le droit de punir l’indiscret volatile, de son larcin, s’il le prend sur le fait.

 

 

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