2013-01-11 Ces Palais de bois qui ont disparu

Publié le par Alain GYRE

Ces Palais de bois qui ont disparu

 «À Ambohi-manga, je règne; à Anta­nanarivo, je conquiers; à Ambohipo, je réside ». C’est ainsi qu’Andrianam­poini­merina définit la place qu’occupent les palais dans son cœur.
Quand l’œuvre de réunification de l’Imerina est accomplie, le grand conquérant pense à asseoir sa souveraineté sur les terres des roitelets qu’il vient de vaincre, tout en protégeant Antananarivo contre d’éventuelles attaques venant des terres lointaines de la côte. Il fait alors construire Rova et Lapa sur les 12 collines, symboles de l’Imerina par les populations de ces anciens fiefs.
Quant à la construction des palais d’Ambohimanga et d’Antananarivo, elle nécessite la participation de tout l’Imerina. Du reste, seules les familles royales résidant dans ces deux Rova reçoivent le tribut sacré du « volavita », bœuf marqué de taches blanches au front, au dos, à la queue et aux jambes qu’offrent au souverain ses sujets. En outre, la plupart de ces 12 collines ne sont pas établies en seigneurie, même si Andrianampoinimerina y installe femmes et enfants, et leur gouvernement dépend directement de lui ; le pouvoir n’est pas affaire d’enfant, « tsy an-jaza ny fanjakana ».
Dans les provinces périphériques de l’Imerina déjà pacifiées, seuls Andriantsoba, seigneur du Vonizongo, Andriantsileondrafy du Vakinankaratra, Ralainana­hary de Kaloy et Andriamary du Vakinambifotsy ont droit à la « Tranomanara », petite case en bois élevée sur le tombeau de certaines castes nobles : on l’appelle « maison froide » où l’on n’allume jamais de feu. Toutefois, le roi après concertation avec son peuple, en installe une sur la tombe de Rangorivahiny, épouse hova de son père Andriambe­lomasina, tombe qu’il fait ériger au sud d’Ambohimanga.
Après les 12 collines, Andria­nampoinimerina fait bâtir d’autres palais pour lui et, évidemment, pour son fils préféré, Laidama. Pour sa propre personne, il ordonne la construction de deux palais appelés « Soavima­soandro », entre le pays des Ante­hiroka et celui des Tsimiambo­holahy, et « Ambohiponimerina ». Ce sont des palais de villégiature élevés dans des cadres apaisants.
« Soavimasoandro », le palais béni par le soleil, est érigé sur un îlot entouré de marais. Sont nommés à sa garde Belahasa et Rabeho­raisina.
À Ambohipo, il fait construire, au milieu de bosquets, un autre palais de détente, sorte de pavillon de chasse qu’il nomme « Miandrivola ». En tant que souverain, c’est là qu’il attend l’arrivée de tous les impôts, taxes… provenant des quatre coins de son royaume. Trois hommes sont préposés à sa garde et à son entre­tien: Rahaingo, Ralaifidy et Randriankoto.
À Laidama, il offre deux palais. Après avoir déplacé les habitants des lieux, les Tsimilefa, il ordonne qu’on élève près du lac de Mandroseza une construction qu’il dénomme « Mahazoarivo » car, précise-t-il, « à Laidama les mille, à lui le trône ». Et, dit-on, chaque fois qu’il vient, le jeune prince amène toujours deux fanions, « Mahazo­tany » puisqu’à lui la terre, et « Maha­zovola » à lui l’argent. Quand le Barbu, son demi-frère Rabodolahy, voit ce palais, il demande à son père la permission de bâtir, lui aussi, une maison pas loin de Mahazoarivo, à Ankadiaivo. Il la baptise « Ivanja ». C’est là qu’il réunit ses partisans, les mécontents du régime.
Tout à côté de « Mahoazo­a­ri­vo », sur un terrain offert par les Mainty et les gardes du Palais royal, situé à Ambohimena, un autre pavillon est bâti toujours pour Laidama., « Tsiazompaniry » qu’aucune personne qui le convoite, ne peut obtenir.
Plus tard, quand il accède au trône, Radama agrandit les deux pavillons pour qu’ils n’en fassent plus qu’un. Une nuit, malheureusement, alors qu’il s’y trouve endormi, l’ensemble prend feu. Affolement général : le roi est introuvable. Mort Vivant On l’appelle. Il faut un certain temps pour qu’on l’entende héler de loin, sur l’autre rive du lac qu’il a traversé à la nage, pour plus de sécurité. En effet, l’étage lui sert pour garder armes, munitions, barils de poudre…
Dans tous les cas, de tous ces palais, rares sont ceux qui sont toujours debout et qui ont résisté aux vicissitudes des années, du temps, et aux actes des criminels, grâce à des entretiens, des réparations, des restaurations.

Pela Ravalitera

Vendredi 11 janvier 2013

L’Express

Publié dans Notes du passé

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