2013-03-26 Tout passe par Antananarivo

Publié le par Alain GYRE

Tout passe par Antananarivo

Àla fin du XIXe siècle, la capitale malgache est reliée aux principaux centres des Hauts-plateaux, puis aux agglomérations plus lointaines, enfin aux villes du littoral. En-dehors de celle de Mahajanga, les voies les plus fréquentées desservent l’Imerina qui atteint Miarinarivo à l’Ouest, au Sud Antsirabe en 1909, Ambositra en janvier 1911, Fianarantsoa et Mananjary en février 1912, Ambalavao en août 1916. Il est alors difficile de voyager d’une extrémité de l’île à l’autre sans passer par Antananarivo. « Celle-ci en tire des avantages économiques évidents » (Revue de Madagascar spéciale, « Tananarive », MCMLII).
Au même moment, en 1897, la mission du commandant Roques établit en dix mois un avant-projet de chemin de fer d’Antananarivo à la côte Est. Le 1er mars 1909, un premier train arrive dans la capitale, à la gare de Soanierana, mais ce n’est qu’en mars 1913 que la liaison par voie ferrée est assurée sans interruption jusqu’à Toamasina. Cette ligne se greffe en 1916 de la voie ferrée Moramanga-Lac Alaotra. La construction de celle qui relie la capitale à Antsirabe, autorisée par la loi budgétaire du 31 décembre 1912, n’est terminée qu’en 1923, ralentie par les difficultés du tracé et les impacts de la guerre mondiale. « Tel qu’il a été conçu, le réseau ferré assure la primauté de Tananarive comme centre des relations ferroviaires avec les conséquences avantageuses qui découlent du transit, de l’importation et de la distribution ».
Les liaisons aériennes renforcent davantage cette primauté. Après le raid aérien du commandant Dagnaux en 1927, le premier service régulier aérien avec la France fonctionne en 1934, grâce aux aviateurs Assolant et Lefèvre qui assurent le raccordement aux lignes d’Afrique à Brocken-Hill. En 1937, la régie Air Afrique inaugure une liaison Paris-Antananarivo par Alger et Gao. En 1948, la durée du trajet France-Madagascar est ramenée à deux jours, puis en 1950 à vingt-quatre heures.
« Le terrain d’Arivonimamo, aménagé à cet effet, voit chaque jour s’envoler ou se poser des avions en provenance ou à destination de la Métropole et des principales villes de Madagascar. Le terrain d’aviation d’Ivato, plus proche de Tananarive, quoique ayant une activité moindre, est l’auxiliaire efficace de celui d’Arivonimamo que bientôt il finira par supplanter ».
Alors que la population malgache semble rester stationnaire, celle d’Antananarivo augmente rapidement. En 1925, un recensement lui attribue 70 000 habitants dont 65 000 autochtones contre 55 000 en 1901. Les travaux les plus urgents sont ceux qui doivent permettre l’accès des véhicules modernes jusqu’au Rova, à travers les quartiers les plus peuplés de la ville desservis par « un labyrinthe » de ruelles escarpées, ravinées en saison des pluies, coupées d’escaliers glissants. Utilisant autant que possible les anciens tracés, on perce des voies plus larges à pentes mieux aménagées, pourvues de caniveaux de pierre. La rue descendant du carrefour d’Ambohijatovo vers Antaninarenina est ouverte en 1898 ; sur la croupe de Faravohitra, la rue George V construite en 1896 est doublée par une autre en 1904. Celle-ci débutant à Soarano, devient la voie d’accès la plus commode vers la Haute-ville. Celle-ci se voit ornée de jardins, notamment celle de la Place d’Andohalo renommée Jean Laborde…
Parallèlement, on essaye d’imposer aux habitants des habitudes d’ordre et de propreté. Les petits marchés sont délimités et n’embarrassent plus la voie publique. En 1913, «on commence à paver les rues, on commande des plaques indicatrices. Mais tous les quartiers n’ont pas encore l’eau potable, ni des lampes à incandescence. Les détritus continuent de souiller trop souvent les abords des maisons où grouillent des porcs».
Il n’y a presque plus de terrain disponible pour la construction dans la vieille cité. C’est pourtant là que s’installent de nombreux services officiels. Sur la place d’Andohalo, la Mairie et le Secrétariat général du gouvernement avoisinent les bureaux et le Cercle des Européens, qui sera bientôt remplacé par les grands bâtiments du lycée Gallieni.

Pela Ravalitera

Mardi 26 mars 2013

Notes du passé

L’Express

 

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