2014-07-26 Les royalistes d’Orléans contre une action énergique dans l’île

Publié le par Alain GYRE

Les royalistes d’Orléans contre une action énergique dans l’île

 

26.07.2014

Notes du passé

 

En 1894, les rapports entre le gouvernement royal et la République française, tendus depuis 1892, deviennent particulièrement critiques. D’après Jean Valette et son épouse, Mariette Rahamefy, « le refus d’appliquer  strictement le traité du 17 décembre 1885 et les réponses dilatoires du Premier ministre Rainilaiarivony aux remontrances qui lui étaient faites par Paris, les assassinats de plus en plus fréquents de ressortissants français sur les territoires soumis au gouvernement de Tananarive » expliquent cette tension.

 Dès le 13 novembre 1893, le ministre français des Affaires étrangères, Develle, fait parvenir à Rainilaiarivony une dépêche le prévenant que, si le gouvernement merina ne prend pas des mesures pour assurer la sécurité des Européens, le gouvernement français en aviserait. Mais la menace reste sans effet et le  26 janvier 1894, la Chambre des députés vote un ordre du jour précis.

« La Chambre, résolue à soutenir le gouvernement dans ce qu’il entreprendra pour maintenir notre situation et nos droits à Madagascar, rétablir l’ordre, protéger nos nationaux, faire respecter notre drapeau, passe à l’ordre du jour » (Grandi­dier, « Histoire politique et coloniale de Madagascar »).

Des évènements aussi importants que la rupture avec le gouvernement royal, « une expédition lointaine, fort meurtrière », et une fois la conquête assurée, les problèmes qui se posent au gouvernement français, ne peuvent qu’avoir des répercussions dans l’opinion publique française.

 Jean et Mariette Valette étudient celle-ci à travers la presse bergeracoise, au sud du département de la Dordogne, formée de trois journaux hebdomadaires ou bihebdomadaires appartenant à trois tendances politiques bien marqués. Il s’agit de l’Indépendance, organe des républicains gouvernementaux;  l’Éclaireur de la Dordogne (puis de Bergerac), organe royaliste de tendance orléaniste ; le Journal de Bergerac, organe des milieux bonapartistes et plébiscitaires. Il y a aussi le Patriote d’Issigeac, créé le 23 juin 1895, pour soutenir, aux élections cantonales, « la candidature de Delpit contre le Pr Pozzi à tendance républicaine très centre-droit ».

Jean et Mariette Valette font une première constatation en lisant ces journaux. Manda­taires d’intérêts politiques locaux, ils reflètent très souvent l’opinion des milieux parisiens et bordelais de leur parti respectif et « l’on n’y voit que très rarement apparaître une opinion spécifiquement locale ».

D’après le couple, cela s’explique par le fait qu’il n’existe pas de polémistes bergeracois notoires, puisque les partis en présence en sont réduits bien souvent « à faire appel à des concours extérieurs lorsqu’ils voulaient, dans leurs éditoriaux, exposer leur point de vue sur les grandes questions de l’actualité ». Le cas serait surtout frappant pour l’Éclaireur de la Dordogne qui, sur la question malgache, en est réduit à publier, en guise d’éditorial, une étude du prince Henri d’Orléans.

 Les relations franco-malgaches déjà tendues depuis quelques années, empirent rapidement fin 1893. La question est posée devant les Chambres, dès le 26 janvier 1894. Le premier journal bergeracois à s’y intéresser est l’Éclaireur, de tendance orléaniste qui consacre déjà en 1893, quatre articles sur Madagascar signalant l’évaluation de la situation. L’idée de l’expédition n’est pas accueillie avec beaucoup de faveur. Ainsi, rapportant l’action parlementaire des députés réunionnais Brunet et de Mahy qui concluent à une action énergique de la France, le journal ne prédit aucun succès à cette motion qui, selon lui, « ne semble même pas avoir la chance d’arriver à la tribune ».

Et de conclure : « Y a-t-il intérêt en ce moment à soulever de telles conditions à un tel débat   » Pour le journal, à moins d’envoyer quelque 20 000 hommes et dépenser beaucoup de millions, il n’y a qu’à attendre de l’action diplomatique un « effet quelconque ».

Pela Ravalitera

L’Express

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