Comment Kotofetsy et Mahaka trompèrent un homme riche.

Publié le par Alain GYRE

 

Comment Kotofetsy et Mahaka trompèrent un homme riche.
(Imerina)

 

Kotofetsy et Mahaka revêtirent, un jour, un chat sauvage de plumes de coq et le mirent dans un panier.

Ils allèrent ensuite chez un homme qu'ils savaient être très riche.

Ils arrivèrent chez lui, le soir. On s'empressa de les faire entrer dans la case ; puis, le maître de la maison leur dit:

«Qu'avez-vous dans ce panier, mes amis? »

«Un coq du roi, répondirent-ils. Nous sommes chargés de le lui apporter. Telle est la cause de notre voyage.»

Le riche propriétaire, saisi de respect pour ces envoyés du roi (1), leur fit servir à souper et leur donna ensuite à coucher.

Avant de se livrer au sommeil, les deux fourbes demandèrent au maître de la case s'il n'y avait chez lui aucun animal pouvant manger le coq du roi. Celui-ci affirma qu'il n'y avait rien à craindre, et tout le monde s'endormit

A minuit, Kotofetsy et Mahaka firent sortir le chat sauvage du panier. L'animal, mis en liberté, se mit à parcourir la case et grimpa jusqu'au faîte, cherchant une ouverture pour s'enfuir. Ses allées et venues faisaient beaucoup de tapage:

«Maître, dirent Kotofetsy et Mahaka, entendez-vous ces bruits ? On mange peut-être le coq du roi. Faites du feu que nous voyions ce qui se passe.»

Dès que la flamme jaillit, on vit le grand chat sauvage et le plancher recouvert de plumes de coq.

«Voyez, dirent Kotofetsy et Mahaka; votre chat sauvage a mangé le coq que le roi aimait tant. Nous allons vous amener au roi pour qu'il choisisse la punition qu'il va vous infliger. Votre mauvaise foi est manifeste dans cette affaire et vous avez menti en disant que le coq royal était en sûreté. Vous saviez bien que votre chat sauvage était ici. Allons, venez avec nous chez le roi. »

«Je ne sais pas, dit l'homme en tremblant, comment ce chat sauvage est entré chez moi, ni comment ces plumes sont venues ici. »

«Vous vous obstinez à nier votre crime, reprirent Kotofetsy et Mahaka? Votre mauvais cas n'est cependant pas niable. Nous allons alors vous ligoter et vous amener au roi qui sera désolé d'avoir perdu son coq. »

L'homme eut peur davantage :

« Maîtres, dit-il, prenez ces 10 piastres et ne dites rien au roi. »

« Non, non, répondirent les autres ; nous ne jouons pas notre vie pour 10 piastres. »

Il offrit alors 20 piastres ; mais devant le refus et les menaces des deux voleurs, il monta jusqu'à 100 piastres (2) que ceux-ci acceptèrent et emportèrent tout joyeux.

 

(1). Les courriers royaux ont droit de réquisition en hommes, vivres et espèces partout où ils passent.

(2) 500 francs.

 

Contes populaires malgaches

Recueillis, traduits et annotés par

Gabriel FERRAND

Editeur : E. Leroux (Paris) 1893

 

 

 

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