Ecole Primaire Publique :Les élèves sont orphelins

Publié le par Alain GYRE

Ecole Primaire Publique :Les élèves sont orphelins       

Mardi, 13 Mai 2014

Il ne se passe pas une semaine sans que la presse ne fait mention d’une donation en faveur des élèves des diverses EPPs de l’île.

 

Cette grande mobilisation citoyenne et internationale s’explique par le fait que le secteur de l’éducation a été mis à mal durant la période de crise. Sur 10 enfants entrant à l’école primaire seuls 3 finissent le cycle jusqu’au bout. Le taux d’abondon scolaire est estimé à 5.5%. Une situation qui s’explique par le fait que le coût de l’éducation correspond à 3.1% des dépenses ménagers des parents d’élèves. Une situation alarmante dans un pays où 92% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Qui plus est, le niveau de l’enseignement laisse à désirer. Deux  enseignants sur trois sont des enseignants communautaires (FRAM) et nombreux d’entre eux n’ont pas le niveau requis pour enseigner. 1.5 millions d’enfants en âge de scolarisation sont actuellement hors de l’école. Le sort de ceux qui sont scolarisés n’est pas forcement meilleur. Les enfants en bas âges sont entassés à plus d’une cinquantaine dans une salle de classe. Les conditions de vie des élèves étant parfois difficiles. A défaut de salle de classe, nombreux sont les élèves qui n’étudient qu’une demi-journée pour laisser la salle de classe libre pour d’autres élèves. Dans les salles de classes existantes, les matériels sont en mauvais état, les bancs à moitié abîmés et en nombre insuffisant. Le secteur de l’éducation va mal et on ne peut que remercier nos généreux donateurs qui affluent en masse pour prêter main forte en vue de contribuer à l’expansion de l’éducation à Madagascar.

 

Sans vouloir cracher sur la main qu’on nous tend, autant de charité n’augure rien de bon. On n’aperçoit autant de mobilisation qu’au sein des prisons ou des orphelinats. Ce qui n’étonne qu’à moitié car vu le laisser-aller qui règne dans ce secteur, il n’y a pas d’autres explications, les élèves malgaches sont des orphelins abondonnés par leurs parents c'est-à-dire les dirigeants qui se sont succédé. Prisonniers de leurs situations, ils ne peuvent compter que sur la générosité de leurs bienfaiteurs pour peindre leurs écoles, leur offrir des fournitures scolaires, leur donner à manger dans les cantines. On compte sur ces donateurs pour payer les enseignants communautaires. Comme nous le disions, autant de charité n’augure rien de bien, car au-delà du côté charitable de la charité, elle peut être un affront envers la personne qui la reçoit car cela témoigne de l’incapacité de cette dernière à s’assumer.

 

Nous sommes en droit de nous demander, où va ce pays si nous traitons nos enfants comme des orphelins dont le sort dépend du portefeuille d’autrui ? Mais comme on est à l’ère d’un nouveau départ, soyons optimistes et espérons que le nouveau Ministre tiendra compte du sort des enfants malgaches car on ne le dira jamais assez, ils sont les piliers du développement de notre pays.

 

Y.L

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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