Education: Pour une réinsertion intelligente

Publié le par Alain GYRE

Education: Pour une réinsertion intelligente

 

Le ministre de l’Education nationale a annoncé la semaine passée la mise en œuvre du programme de réinsertion scolaire pour les enfants malgaches déscolarisés.

 

L’initiative est louable et avec l’aide des partenaires techniques et financiers l’objectif devrait être atteint à partir du moment où l’argent est bien géré et est réellement affecté au programme et non pour acheter des 4x4.

 

Tous les enfants malgaches devraient avoir accès à l’éducation, peu importe les lieux où ils se trouvent. Seulement, on a la fâcheuse impression que le but est essentiellement d’insérer coûte que coûte les élèves à l’école peu importe par la suite ce qui se passe dans ces écoles. Les responsables ne peuvent décemment pas ignorer qu’il y a tant d’endroits dans l’île où il y a des écoles qui ont les portes désespérément fermées pour cause d’absence d’enseignants, parce que souvent ces derniers ne touchent pas leur paie.

 

Les responsables ne peuvent décemment pas ignorer que le plus important n’est pas de construire les écoles. Car, quand bien même il y ait des écoles, parfois les enseignants n’y travaillent pas car ils ont la désagréable impression que l’Etat a de l’argent pour doter tous les directeurs au ministère de l’Education de voitures, d’indemnités faramineuses et de crédits en tous genres mais l’Etat n’a pas d’argent pour les subventions des enseignants FRAM. Quand bien même il y ait des écoles, parfois les enseignants qui y sont ne sont pas qualifiés parce que les enseignants qualifiés sont en nombre insuffisant et atterrissent rarement dans ces zones enclavées du pays.

 

A ce rythme, il est certes judicieux de réinsérer les élèves déscolarisés mais le plus important est de leur faire acquérir les compétences utiles et leur donner exactement les mêmes chances dans la vie que ceux qui sont dans les écoles privées de référence de la capitale ou des grandes villes. Car c’est bien là l’état de l’éducation fondamentale à l’heure actuelle, et il est important de le rappeler en ce mois de juin, mois de l’enfance.

 

L’école est gratuite et obligatoire : telle est la loi. En réalité, les parents doivent payer les enseignants FRAM et puisqu’ils ne le peuvent pas, ils n’envoient pas leurs enfants à l’école d’où ces millions d’enfants malgaches en dehors du système scolaire : des enfants qui ne peuvent aucunement rêver devenir président de la République, Premier ministre un jour...

 

Ces enfants des zones rurales, des zones oubliées, des zones enclavées, ces enfants oubliés qui seront réinsérés désormais… mais de grâce qu’on leur donne les compétences nécessaires pour qu’ils puissent plus tard se mesurer avec les enfants des nantis, les enfants qui sont dans le système scolaire et qui ne réalisent pas la chance qu’ils ont au point parfois de vouloir quitter le système scolaire.

 

Le plus important ce n’est pas de dire qu’on a réussi à insérer des milliers d’élèves à l’école ou qu’on a réussi à construire tant d’écoles, le plus important ce n’est pas la politique des chiffres, de la quantité mais plutôt la qualité de la formation que ces élèves vont suivre.

 

Anaïs T.

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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