Environnement : Le feu ravage le parc de Kirindy

Publié le par Alain GYRE

Environnement : Le feu ravage le parc de Kirindy

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Ce lémurien n’a pas pu échapper au feu, et a fini grillé, comme d’autres animaux du parc de Kirindy

 

La stratégie nationale pour endiguer les feux de brousse reste encore une théorie. L'incendie du parc de Kirindy, région Menabe en est la preuve.

 

 

Une vingtaine de kilomètres de longueur de forêts réduite en cendre, une superficie de forêt et des dégâts environnementaux inesti­mables. Tel est le bilan de l'incendie du parc national de Kirindy Mitea, situé à 90 km au sud de la ville de Morondava, sur le bord du canal de Mozambique, pendant deux semaines, le mois dernier. 

« Des fumées sont encore aperçues au cœur de la forêt vendredi. Mais il est encore difficile, pour l'instant, de déterminer si elles sont toujours dues à l'incendie de forêt », a rapporté un assistant d'un chercheur scientifique dans ce parc, joint par téléphone hier. À l'entendre, les moyens disponibles pour faire face à cet incendie demeurent dérisoires. La forêt se transforme pourtant en forêt sèche en cette saison, et les rafales de vent n'arrangent pas la tâche des habitants pour maîtriser l'incendie. « L'embra­sement aurait débuté le 19 août à cause d'un feu de brousse non maîtrisé. Pour y faire face, les habitants et les employés de Madagascar National Park doivent chercher de l'eau à quinze kilomètres du parc. Les charrettes sont utilisées pour transporter l'eau. Une fois l'eau arrivée au bord du parc, les gens em­ploient des seaux afin de 

maîtriser le feu. C'est pourquoi l'incendie a duré plus de deux semaines », a ajouté l'assistant du chercheur. 

Des forêts réduites en cendre, quelques corps de lémuriens et Cryptoprocta ferox ou fosa calcinés, sont, pour l'instant, les premiers bilans perceptibles de cette catastrophe. 

Catastrophe

Le parc national de  Kirindy Mitea abrite pourtant, lors de son inscription dans le système des aires protégées en 1997, onze espèces de mammifères dont dix endémiques à la Grande île, quarante sept espèces d’oiseaux dont trente trois endémiques et vingt trois reptiles tous endémiques à Kirindy Mitea. 

« Il se peut que toute une espèce de faune ait disparu lors de cet incendie », s'inquiète un enseignant-chercheur à l'université d'Antananarivo. Mais il n'y a pas que la faune qui a été ravagée. L’éco­système du Kirindy Mitea abrite également 185 espèces végétales différentes. Certains Adansonia grandidieri, baobabs, sont pourtant rongés par le feu. La forêt de Givotia madagascariensis, qui fournit du bois pour la construction de pirogues, l’Albizzia greveana qui donne des planches pour la confection de goélettes et de cercueils, risque aussi d'être endommagée en grande partie. « Il faut donner des moyens conséquents aux gestionnaires de parc pour faire face à une telle catastrophe. La lutte contre le feu de brousse doit aussi être concrétisée. C'est toute une civilisation qui risque de disparaître, si un tel cas se reproduit ou continue », affirme l'enseignant-chercheur.

 

Vonjy Radasimalala

 

Mercredi 04 septembre 2013

L’Express

Publié dans Revue de presse

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