Filière pêche: L’Asie peut ouvrir des brèches commerciales

Publié le par Alain GYRE

Filière pêche: L’Asie peut ouvrir des brèches commerciales                           

Samedi, 14 Juin 2014

 

Après la polémique des tilapias nourris aux excréments de porcs en Chine en avril dernier, la Thaïlande est maintenant sous les projecteurs.

 

Une enquête de 6 mois menée par le quotidien britannique The Guardian révèle que les crevettes industrielles en provenance de Thaïlande sont… nourries par des esclaves. Or, des grandes enseignes internationales comme Carrefour, Walmart, Tesco et Aldi s’approvisionnent auprès de la plus grosse ferme crevettière mondiale qui est thaïlandaise. Il s’agit de CP Foods. Cette firme emploierait des travailleurs réduits en esclavage sur les bateaux qui pêchent les poissons devant nourrir les crevettes élevées dans les bassins d’aquaculture. The Guardian souligne que ces employés sont obligés de travailler 20h sur 24 sans être payés et ce, pendant des années et sous la menace de violences extrêmes. Le quotidien a réussi à recueillir le témoignage de nombreux rescapés de cet enfer. Ces derniers qui sont des migrants, pour la plupart, ont évoqué des coups, des actes de torture et même des exécutions sommaires, ainsi que l’obligation de prendre des dopants pour pouvoir tenir le coup. Des grands groupes sont impliqués dans ce scandale et CP Foods en fait partie. Cette firme fait un chiffre d’affaires annuel de 33 milliards US$, alors que la Thaïlande exporte 500 000 t de crevettes par an dont 10% proviennent de CP Foods. Pour aggraver son cas, cette firme thaïlandaise reconnaît en partie ses pratiques douteuses.

 

Pour des pays comme Madagascar, ces scandales à répétition sur les produits aquacoles en provenance de pays asiatiques, devraient ouvrir des brèches sur le marché international. Le pays dispose d’ailleurs de vastes surfaces adaptées à l’aquaculture et à la pisciculture. Il jouit également d’une bonne réputation en matière de pratiques aquacoles. Outre les maladies sporadiques comme le point blanc sur les crevettes, le pays ne s’adonne pas à des pratiques aquacoles industrielles à outrance, comme on le constate dans de nombreux pays asiatiques. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les crevettes de Madagascar sont plus chères que celles des pays asiatiques. Seulement, les consommateurs des pays développés se soucient beaucoup des conditions des travailleurs des pays importateurs ainsi que de la protection de l’environnement. La Thaïlande risque d’être dégradée à la dernière place du classement américain qui évalue 188 pays en matière de lutte contre les trafics humains. Ce qui pourrait entacher ses relations commerciales avec les Etats-Unis. Notons que l’aquaculture occupe une place de plus en plus importante sur le marché international des poissons.

 

Dans la filière pêche donc, ce secteur a des potentiels que l’on devrait exploiter en matière d’investissement. Pour la filière crevettière, la pêche industrielle est d’ailleurs en déclin continu depuis la 1ère décennie des années 2000 : de 8 600 t en 2002, les captures ont chuté à 5 000 t en 2007 et se situent à 2 600 t à l’heure actuelle. Concernant le tilapia, l’Afrique est le plus grand consommateur de ce produit avec 950 000 t/an. Le continent offre donc de grandes opportunités de marché. Mais pour l’heure, ledit marché est accaparé par des pays asiatiques.

 

Fanjanarivo

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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