Filière riz: Du saupoudrage en l’absence d’une stratégie

Publié le par Alain GYRE

Filière riz: Du saupoudrage en l’absence d’une stratégie       

Mardi, 01 Octobre 2013

Alors que le riz est la base de l’alimentation de la grande majorité des Malagasy, la stratégie censée développer cette filière n’a pas encore vu le jour même si elle a été élaborée depuis 2008. C’est ce que l’on a appris vendredi dernier à Anosy lors de la matinée du développement rural organisée par le Plan d’action pour le développement rural (PADR) et le Groupe de travail changement climatique (GTCC). La stratégie citée plus haut devrait mettre en œuvre la politique nationale validée en 2005. Cette situation reflète le manque de volonté politique des régimes successifs pour le développement de la filière riz. Conséquence : les actions menées depuis les années 2000 sont du saupoudrage et ne sont menées dans aucun cadre clair. Or, le changement climatique bouleverse les activités agricoles. Le directeur exécutif du Groupement semis direct de Madagascar (GSDM), Rakotondramanana précise : « Dans l’Alaotra et le Moyen-Ouest et même dans le Sud-Est, la sécheresse survient courant février, alors que c’est la période de floraison des plants de riz. Ce qui pose problème à la production. Pour l’Alaotra, elle est frappée de sécheresse tous les 3 ans depuis 10 ans ».

Pour faire face à ces changements, le GSDM propose l’agriculture sous couverture végétale ou semis direct. D’après une enquête menée par ce groupement en 2010-2011, soit en pleine saison de sécheresse, ceux qui ont pratiqué cette culture de conservation n’ont pas rencontré des problèmes, contrairement aux autres. En effet, la couverture végétale maintient le sol humide, permet aux pluies de s’infiltrer dans la nappe phréatique, évite l’érosion, stabilise le rendement. Il faut d’ailleurs noter que l’agriculture sous couverture végétale ne nécessite plus de l’engrais au bout de 3 à 4 ans. La vulgarisation de cette technique s’est fait auprès des petits producteurs. Mais actuellement, des grands riziers du Moyen-Ouest commencent à la pratiquer. Au début, le coût est élevé, ce qui requiert un appui aux paysans. Le rendement est intéressant avec une moyenne de 3 à 4 t/ha pour le riz sur « tanety ».

 

L’autre voie d’adaptation au changement climatique est la pratique du Système intensif de riziculture (SRI) inventé par le père de Laulanier dans les années 80. Pratiqué dans de nombreux pays dont la Chine et des pays africains, cette technique concerne au maximum 2 à 5% des exploitants dans les principaux greniers à riz de Madagascar. D’après le secrétaire permanent du PADR, Bebe Razaiarimanana, les paysans sont trop pauvres pour dépenser du temps et de l’argent dans le SRI même si le rendement est de 10 t/ha contre une moyenne nationale de 2,5 t. Les travaux dans les rizières coïncident d’ailleurs avec la période de soudure. Les paysans vaquent donc à des occupations pour trouver de quoi se nourrir. Ils n’ont pas les moyens de mobiliser une importante main d’œuvre et d’acheter des intrants pour le SRI. Faut-il donc subventionner la riziculture ? L’absence d’une stratégie de mise en œuvre de la politique nationale également déjà dépassée par le contexte ne permet pas de donner des réponses efficaces à cette question. Sans un cadre clair basée sur des données mises à jour, il est en effet difficile de développer une filière. Rappelons que les dernières grandes études sur la filière riz datent de 1999-2000.

 

Fanjanarivo

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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