Secteur des mines et des carrières : Le travail effectué par les enfants constitue une forme contemporaine d’esclavage

Publié le par Alain GYRE

Secteur des mines et des carrières : Le travail effectué par les enfants constitue une forme contemporaine d’esclavage                

Mardi, 18 Février 2014

 

Selon les informations reçues par la Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences, Mme Gulnara Shahinian-Nations Unies A/HRC/24/43/Add.2,

 

il n’est pas rare que des enfants travaillent dans des situations de servitude pour dettes, lorsque leurs parents ont contracté une dette à l’égard d’un employeur et s’engagent verbalement auprès de celui-ci à ce que l’enfant travaille jusqu’au remboursement de la dette. À Antsirabe, les enfants sont payés en moyenne 0,75 dollar par jour. Indépendamment de la question de savoir s’ils sont soumis à des violences, les enfants sont dans l’impossibilité de quitter leur lieu de travail tant que la dette n’a pas été remboursée.

 

 L’accroissement de la pauvreté a eu un impact sur les familles, par exemple lorsque le père quitte le domicile familial parce qu’il est dans l’incapacité de subvenir aux besoins du foyer. Il s’ensuit une augmentation du nombre de ménages dirigés par une mère seule.

 

Il incombe aux femmes de prendre en charge les enfants, qui se voient alors contraints de travailler.

 

Plus, et toujours d’après le même document onusien, il apparaît que de par sa nature même et en raison des conditions dans lesquelles il s’exerce, le travail effectué par les enfants dans le secteur des mines et des carrières constitue une forme contemporaine d’esclavage car il met en jeu la servitude pour dettes, le travail forcé et l’exploitation économique des intéressés, en particulier dans le cas des enfants non accompagnés qui sont employés dans les mines et les carrières artisanales. On constate par exemple que l’employeur a tout pouvoir sur les enfants, qui lui sont soumis physiquement et psychologiquement et sont entièrement tributaires de lui pour la satisfaction de leurs besoins vitaux; incapables de quitter leur lieu de travail par crainte des représailles qui pourraient s’exercer contre eux-mêmes ou les membres de leur famille, ils travaillent dans des conditions d’isolement géographique et social, dans des zones reculées où il ne leur est pas possible de signaler les abus dont ils sont victimes ni d’avoir accès à la justice.

 

Dans ce rapport, il est aussi souligné que les enfants employés dans les mines sont généralement issus de familles rurales pauvres qui ne possèdent pas de terres à cultiver et qui ne peuvent pas les envoyer à l’école. Souvent, ils travaillent avec leur famille; de ce fait, peu d’entre eux reçoivent une rémunération pour leur travail. Dans certains cas, cependant, les enfants sont employés par un tiers qui les «prend en charge» et perçoit leur salaire.

 

En creusant davantage la situation, fait-on état qu’on trouve trois catégories de personnes dans les mines artisanales: les mineurs indépendants, qui se ruent vers ces mines dans l’espoir d’y trouver des pierres précieuses qu’ils pourront vendre; les acheteurs (originaires de la Chine, de l’Inde, de la Fédération de

 

Russie, de Sri Lanka et de la Thaïlande), qui fournissent la nourriture et l’équipement à des personnes employées exclusivement à leur service pour creuser; enfin, ceux qui utilisent des excavatrices et emploient de la main-d’œuvre pour tamiser le sable.

 

Les acheteurs et les agents collecteurs s’acquittent d’une taxe pour obtenir une patente auprès du Ministère des mines. Lorsque le titulaire d’une patente procède à une première vente, 1,4 % du produit de cette vente va aux autorités gouvernementales, 60 % à la commune, 10 % à la province et 30 % à la région; des redevances sont versées au gouvernement à Antananarivo. Bien que les titulaires de patente, qui sont malgaches, ne soient pas les acheteurs, ce sont eux qui ont la responsabilité des mines. Les étrangers font souvent appel à des Malgaches pour se procurer une patente. D’ordinaire, ce sont des

 

Malgaches qui cherchent les pierres précieuses, qu’ils vendent ensuite aux étrangers.

 

Risques graves pour la santé

 

En général, note-t-on, les enfants travaillent de cinq à dix heures par jour, suivant la nature de leurs tâches et du matériau creusé. Ils font normalement partie d’une chaîne de production, leur tâche spécifique étant fonction de leur âge et de leur sexe. Les enfants s’occupent du transport des blocs de pierre (garçons) ou de l’eau (filles); du concassage et du criblage (filles et garçons indifféremment). À partir de 14 ans, les enfants sont autorisés à creuser des puits et des galeries. En règle générale, les enfants âgés de moins de 18 ans ne travaillent pas dans les galeries. Comme les outils utilisés sont archaïques, le travail nécessite un gros effort physique. Les enfants commencent à travailler aux côtés de leurs parents dès l’âge de 5 ans. Les enfants non accompagnés commencent à travailler à partir de l’âge de 12 ans…

 

En outre, la même source indique, notamment, que le travail dans le secteur des mines entraîne des risques graves pour la santé des enfants. Ils sont exposés à un certain nombre de dangers: pathologies pulmonaires, diarrhée parasitaire, paludisme et risque d’accident lors de la manipulation des outils ou des pierres.

 

L’effort physique qu’impliquent le transport de lourdes charges et le travail dans un environnement chargé de poussières, parfois sous terre, fait que les enfants sont davantage susceptibles de développer des problèmes respiratoires.

 

Les enfants, surtout ceux qui ne sont pas accompagnés, sont également exposés aux violences physiques et sexuelles. Selon des informations reçues par la Rapporteuse spéciale, les filles travaillant dans les mines ou aux alentours étaient parfois violées.

 

Le travail dans les mines de saphir a également entraîné des morts, car les puits sont instables et ont tendance à s’effondrer.

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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