Trano kambana : Maisons en bois de la Haute Ville

Publié le par Alain GYRE

Trano kambana : Maisons en bois de la Haute Ville

 

La reine Ranavalona II se convertit au christianisme en 1868, c’est toute l’architecture de la Haute Ville qui s’en trouve modifiée. Jusque là, le culte des ancêtres imposait la construction de maisons en bois dans le quartier autour du Rova...

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À partir de 1868, la construction d’édifices en pierres et en briques est autorisée et les maisons en bois disparaissent petit à petit. Aujourd’hui il n’en reste que cinq dans toute la capitale. « Le bois était un symbole de vie alors que la pierre issue du monde minéral, froid et inerte, représentait la mort et servait à construire les tombeaux. C’est pourquoi ce fady (tabou) a existé jusqu’en 1868. »Guide touristique, bénéficiant d’une formation d’historien comme son frère Zo, Haran Rasoldier habite l’une des maisons jumelles (trano kambana)situées en contrebas du palais de justice.

 

Zo connaît bien leur histoire : « Elles ont environ 200 ans. Celle qui est rouge se nomme Mahasoa : elle servait à l’origine à stocker des armes. L’autre, Menalefona ou sagaie rouge était un dépôt d’outils de mesure. La sagaie portée par ceux qui rendaient les jugements au palais de justice y était également entreposée. »

 

La maison en bois a joué un rôle important dans l’histoire de Tananarive. Signe de distinction sociale, sa construction nécessitait des moyens importants : les premières forêts se situaient à dix kilomètres au sud de la ville et l’approvisionnement requérait l’utilisation d’esclaves. Les charpentiers, étaient issus de la classe des Andriana (Nobles) et ne travaillaient que pour le roi ou leurs pairs. Ils choisissaient des bois qui ne présentaient pas de dangers. En effet, certaines essences étaient censées porter malheur, comme le bois d’andrezina dont on disait qu’il attirait la foudre sur le foyer. Les maisons jumelles sont construites dans une essence imputrescible, le bois d’ambora.

 

Des personnages illustres ont habité ces deux maisons, comme les jumeaux Rahovy et Ratafika. Demi-frères de Radama I er (souverain ayant régné de 1810 à 1828), ils avaient été envoyés sur l’Ile Maurice en 1815 pour parfaire leur éducation et avaient introduit à leur retour l’éducation latine sur la Grande Ile. Offertes par la suite à la famille Rasoldier par le pouvoir royal à la fin du XIX e siècle en signe de reconnaissance, les deux bâtisses sont parmi les plus vieilles de la capitale.

 

« Nous devons conserver l’aspect extérieur mais l’intérieur a été modifié depuis la construction. Des murs en brique ont été ajoutés pour renforcer les cloisons », précise Zo. Des madriers verticaux constituent la façade du rez-de-chaussée des deux demeures. Si la majeure partie de l’ouvrage est d’origine, quelques planches ont été remplacées ça et là. A l’étage, les planches sont disposées en oblique, dans le style à chevrons ou sarendry. La toiture, autrefois en papyrus, est à présent en tuiles. Quant au soubassement, il été renforcé avec des pierres. « Le sol autour des maisons était en train de s’affaisser, il a donc fallu cimenter la cour autour des maisons. » Un entretien indispensable pour conserver un patrimoine unique.

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Texte et photos : olivier Kalaydjian

(article publié dans no comment magazine n°45 - Octobre 2013 ©no comment éditions)

 

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Publié dans Revue de presse

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