Poème: LE CAILLOU
LE CAILLOU
Je suis un caillou
Né d’un coup de marteau
Donné par une gamine
Elle était à genoux
Un bébé dans le dos
Au-dessus d’une colline
On cassait les rochers
Pour en faire des moellons
Vendus à moindre coût
Les déchets sont groupés
Dans un coin du vallon
Réservé aux cailloux
Devenu tout petit
J’ai sauté du tas
Pour rouler vers la route
Le canal m’a cueilli
Au milieu des gravats
Plein de choses qui dégoûtent
Puis le soir venu
Eclata l’orage
Avec toutes ses eaux
Entraînant les rebuts
Et quelques branchages
Dehors du caniveau
Je me réveille alors
Tout plein de bosses
Au fond d’un ruisseau
J’aperçois sur le bord
Les ombres de deux gosses
Montant dans un bateau
Des garçons et des filles
Qui travaillent très durs
Sans aller à l’école
Parfois sans famille
Dormant au pied de murs
Ou dans des cases en tôle
Ils aident leurs parents
Fabricants de briques
Ou ramasseurs de sables
Sous la pluie, sous le vent
Les mouches et les moustiques
Journées interminables
Je ne suis qu’un caillou
Voulant être gendarme
Quand je vois cette misère
J’aurai chamboulé tout
J’aurai versé des larmes
Malgré mon cœur de pierre
Blandine Jacquet Johasy